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Somptueuse Belle au bois dormant à la Scala de Milan

Le ballet de la Scala reprend La Belle au bois dormant de Noureev dans une production de toute beauté. , étoile invitée, excelle aux côtés de l'étoile de la Scala .

La Scala fait briller de mille feux le joyau offert par Rudolph Noureev à la compagnie en 1966. L'Opéra de Paris ne reprit cette version qu'en 1989.

Rien ne dépare cette production de La Belle : la qualité des interprètes, solistes d'exception et corps de ballet au diapason, la somptuosité des décors et costumes de , l'excellence de la musique, chef-d'œuvre de Tchaïkovski exécuté par l'orchestre du Teatro alla Scala. Le souci des détails, la pantomime soignée, le décor de style « Grand Siècle » donnent du lustre à ce ballet que Noureev considérait comme le « ballet des ballets ».

La Belle au bois dormant fait partie de ces œuvres majeures qui ont marqué durablement l'histoire du ballet classique. Créé en 1890, le ballet est le fruit de la collaboration entre et . Le compositeur, déjà auteur du Lac des cygnes en 1876, écrit à Nadejda von Meck en 1889 que La Belle au bois dormant « sera l'une de [s]es meilleures œuvres ». L'argument, inspiré du conte de Charles Perrault, est développé, avec notamment l'introduction d'autres personnages de contes, comme le Chat botté, Cendrillon, le Petit Chaperon rouge et le Petit Poucet.

De nos jours, le ballet peut sembler un peu ampoulé, avec une trame convenue et quelque chose de rigide dans les perruques poudrées du dernier acte. Mais il faut souligner que Noureev a admirablement retravaillé la chorégraphie de Petipa pour développer le rôle du Prince, quasi inexistant dans la version d'origine. Celui-ci se voit attribuer trois variations majeures à l'acte II ainsi qu'un adage somptueux au dernier acte. Ces variations donnent à jouer un large panel d'émotions au danseur qui doit également faire preuve d'une technique sans faille. Le rôle d'Aurore est aussi l'un des rôles les plus difficiles du répertoire classique, avec notamment l'adage à la rose, célèbre pour sa série d'interminables équilibres sur pointe.

, étoile russe du Staatsballett de Berlin à la carrière internationale, est fréquemment invitée à la Scala, notamment pour danser avec Roberto Bolle. Ici, c'est aux côtés de qu'elle incarne Aurore. C'est avec une grâce et une aisance dignes des plus grandes que la danseuse se glisse dans la peau du personnage et illumine la scène. Vive et spontanée à l'acte I, elle dépeint une jeune princesse insouciante. À l'acte II, elle apparaît légère et aérienne dans la vision du Prince avant de se réveiller d'un long sommeil de cent ans. Enfin, à l'acte III, elle gagne en maturité tout en conservant son naturel, évitant ainsi l'écueil de l'air hautain et guindé que certaines interprètes adoptent.

possède le physique idéal du prince romantique : port de tête noble, finesse des traits du visage et du corps. Si son interprétation est plus stéréotypée que celle de , sa technique superbe lui permet d'exécuter avec brio les variations de Désiré, toutes plus redoutables les unes que les autres. On ne peut qu'admirer sa légèreté dans les sauts, son élévation et sa délicatesse avec sa partenaire. Il est capable de se montrer mélancolique dans le deuxième acte puis explosif dans le dernier.

L'adage du troisième acte marque l'apothéose de ce ballet qu'aucune fausse note ne vient déparer.

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