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Ombres et lumières à Madrid avec les quintettes de Luigi Boccherini

Surtout réputé pour ses concertos pour violoncelle, se révèle comme un compositeur capital, aux côtés de Haydn et Mozart. Ses quintettes pour diverses formations instrumentales sont des témoins incontournables de son art novateur, portés ici par l'ensemble .

Depuis les années 1950, était connu pour son fameux Menuet extrait de l'un de ses Quintette à cordes à deux violoncelles op. 11 n° 5 ainsi que pour le Concerto pour violoncelle en Si bémol majeur dans l'arrangement de Friedrich Grützmacher (1832-1903). Une version mémorable de Pierre Fournier avec le Lucerne Festival Strings dirigé par Rudolf Baumgartner en 1963 montre le niveau d'inspiration de cette musique. Au-delà de ces premières approches, on a découvert par la suite une somme de quelques 580 œuvres, recensées dès 1969 par le musicologue Yves Gérard. De plus, Boccherini est l'inventeur de quelques formes nouvelles, caractéristiques de la période classique : le quatuor à cordes en parallèle avec Joseph Haydn et le quintette, sous divers formes instrumentales.

L'ensemble , dirigé par la gambiste Margaux Blanchard et le flûtiste Sylvain Sartre, proposent quatre quintettes puisés dans différents opus, afin d'offrir plusieurs formations instrumentales : quatuor à cordes avec flûte ou guitare. Né en Italie à Lucques, , après avoir suivi sa formation musicale en Italie et voyagé en Autriche et en France, s'installa en Espagne dès 1768. C'est dans ce pays qu'il réalisa sa carrière au service notamment de la Cour d'Espagne. La musique ibérique a influencé le compositeur, dans ce jeu d'ombres et de lumières et d'accents particuliers puisés dans les mélodies (Folias) et les rythmes de danses (Zapateado, Fandango, Séguedille…).

Grâce à ce disque, le génie de ce compositeur se révèle subtil, audacieux et étonnant dans ses rapports entre les différents instruments, en orchestrateur né, sachant adapter le timbre à la forme musicale. Rien de plus significatif que cette Pastorale qui ouvre le Quintette n° 4 en ré majeur. Nostalgie de l'Italie, contrebalancée à la fin du même opus par un célèbre Fandango. Nous sommes ici en présence d'une œuvre supérieure, aussi riche que celle du Padre Antonio Soler. Cette œuvre figure à elle seule toute l'Espagne galante et endiablée au point d'avoir bénéficié de nombreuses adaptations instrumentales postérieures (deux clavecins entre autres). Quelques percussions typiques, castagnettes et cymbalettes de tambour de basque viennent ponctuer allègrement la danse grâce au jeu de .

Il y a dans l'interprétation de ces musiciens une jubilation et un plaisir de nous divertir des plus prégnant. Leurs sonorités sur instruments anciens sont un ravissement. Ces pages nous permettent aussi de mieux connaitre et de comprendre l'art de Boccherini, violoncelliste virtuose qui parvint à imposer cet instrument au même titre que le violon et se faire une place de choix dans les grands compositeurs de quatuors et de quintettes.

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