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La guitare à sept cordes d’Aynur Begutov

Le dernier opus d' « Évolution », est consacré au développement de la guitare russe à sept cordes de la fin du XVIIIᵉ siècle à nos jours, un répertoire que le guitariste avait déjà mis en lumière dans son précédent album « Russian Fantasy ».

Le choix d'une pochette donnant si peu d'informations est étonnant:  seul le dos du disque fournit des indications sur ce projet discographique presque encyclopédique de l'histoire de la guitare à sept cordes en Russie. Présentée de façon chronologique, la sélection des œuvres des grands maîtres du genre s'enchaîne avec une rigueur implacable. La notice est construite dans la même veine : après les explications d' sur le choix de cette programmation, peintures d'artistes russes où guitaristes apparaissent, alternent avec les portraits des compositeurs sélectionnés.

Très populaire en Russie et en Ukraine bien avant de connaître un engouement international, l'instrument est devenu dès son introduction à la fin du XVIIIe siècle par (1773-1850), l'instrument russe par excellence en raison de ces sept cordes (ré, si, sol, ré, si, sol, ré) avec un accord ouvert, soit un quart parfait plus bas que l'accord à six cordes, parfaitement compatible avec les chansons et danses folkloriques nationales généralement composées dans la tonalité majeure.

Cette vogue peut s'expliquer par son accès plus aisé que la guitare « classique » pour des musiciens amateurs, notamment pour assurer certains accords de base et l'alternance des lignes de basse. Elle s'explique également en raison de sa sonorité plus ample et plus solide donnant la possibilité pour des musiciens professionnels de jouer avec une plus grande flexibilité en concert, et cela sans micros ni amplification.

Ici, le guitariste russe , grand amoureux du patrimoine musical de son pays, expose une parfaite clarté dans l'exécution de chaque pièce. Son jeu se caractérise par une grande rigueur, presque métronomique dans la Fantaisie sur le poème « Mon érable dégarni » d' (1940-2019), alliant un petit grain de folie – mesuré ! – avec le ton badin et la virtuosité implacable de l'interprète dans la Valse « Les Flocons de neige » de (1883-1963) et une atmosphère mystérieuse grâce aux harmoniques de (né en 1970) dans ses Miniatures de Fedoskino même si l'on regrette l'absence de Simeon N. Aksenow (1773-1853) qui est parmi ceux à qui l'on attribue la mise en valeur de l'utilisation des harmoniques dans le répertoire de l'instrument.

Dommage que les passages virtuoses des Variations sur « La Pie Voleuse » de Rossini composée par Sikhra, naturellement aux premières minutes de l'écoute, génèrent des notes étriquées et que les trois pièces de Nikolaï Ivanovitch Aleksandrov (Valse de l'adieu, Mazurka et Chic Polka) proposent un jeu manquant quelque peu de rondeur. Ces quelques réserves ne font pas oublier l'intérêt de cette proposition qui met en valeur un répertoire encore trop peu connu, qu'il reste encore à compléter sur le plan discographique.

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