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Les feux d’artifices ramistes d’Achante et Céphise par les Ambassadeurs

Pour cette Achante et Céphise en version de concert proposée par le CMBV, la distribution vocale de premier ordre avec et , ne fait pas oublier que les feux d'artifice ramistes se trouvent bien au niveau instrumental.

Au regard des propositions lyriques filmées actuelles, on peut dire que les pastorales héroïques ont le vent en poupe. Celle du Centre de Musique Baroque de Versailles s'inscrit dans la tendance du moment : une représentation annulée accélérant un enregistrement discographique accompagné d'une captation vidéo ; une œuvre présentée comme une « redécouverte », annonce désormais récurrente dans le monde de la musique baroque ; chanteurs solistes, chœur et instrumentistes en habits de gala… Il faut dire que la pastorale héroïque semble le format idéal pour ces nouvelles offres culturelles imposées en raison d'une situation pandémique dont on ne voit pas la fin. Un format court tout d'abord, la musique de se déployant ici en 1h20 seulement. Les moyens scéniques ensuite, le CMBV en coproduction avec l'Atelier lyrique de Tourcoing ayant choisi pour cette nouvelle production une version de concert.

Si cette diffusion d'Achante et Céphise se distingue, c'est par le faste de son instrumentation. , à la direction musicale, prend le parti de reconstituer les usages de l'époque avec un orchestre important et diversifié en timbres et en registres, l'une des spécificités les plus notables de la musique française du XVIIIᵉ siècle. réunissent pas moins d'une cinquantaine de musiciens, disposés sur scène selon les conventions de l'époque. À l'occasion de cette production, le CMBV a réalisé six clarinettes (en la, en ré et en ut avec le diapason de 400, Rameau utilisant les trois tons dans sa partition) qui font leur apparition dans plusieurs danses.


Rameau exploite dans cet ouvrage des ressources jusqu'alors inconnues grâce à l'utilisation de timbres différents et originaux (cors, clarinettes, percussions ou encore musettes) et ce dès l'étonnante ouverture à programme qui décrit un feu d'artifice impressionnant pour la naissance du duc de Bourgogne, pour lequel cet ouvrage a été composé. Le réalisme de cette musique, très difficile à matérialiser, reste toutefois ici assez aléatoire dans les traits virtuoses des cordes et des flûtes, dans plusieurs interventions des cors, tout comme dans la cohésion d'ensemble.

La phalange a aussi pour agrément de grandes masses orchestrales caractéristiques, parfaitement équilibrées selon les interventions des solistes ou des chœurs, menés avec une grande précision par les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles d'Olivier Schneebeli (qui verront arriver un nouveau chef de la maîtrise dans quelques mois). Pour la basse continue, elle est assurée par trois violoncelles, une contrebasse et le clavecin d'Elisabeth Geiger.

Du côté des voix, la distribution est à la hauteur des attentes. Si, bien des protagonistes, reconnaissons-le, sont bavards au sein d'un livret quelque peu inconsistant, l'incarnation intense de et la subtilité expressive de font merveille.

Crédits photographiques : © CMBV

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