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James Newby : un talentueux baryton dans un très beau programme de Lieder

n'a pas trente ans, et il apparait avec son premier CD dans une plénitude artistique réellement étonnante. Britten, Schubert, Mahler et Beethoven sont servis avec charme et discrétion, mais surtout avec un art du chant qui emporte toute résistance. 

Il y a des CD comme ça dont il faut se méfier… On croit ne voir apparaitre qu'un nième CD-carte de visite pour étoile filante, ou du moins support pour un début de carrière, mais quand on écoute celui-ci, on reste bluffé par une telle profusion de talents. Ce n'est pas que la voix soit intrinsèquement exceptionnelle. Il s'agit pour l'instant d'un joli baryton léger, au timbre agréablement velouté, avec des registres assez bien homogénéisés. Mais quel legato admirable, quelle prononciation délicieuse, à la fois claire, précise et parfaitement accentuée ! Le phrasé nous entraine sur des crêtes de plaisirs, dans un programme pourtant parcouru par d'augustes prédécesseurs.

Le premier chant (réécrit par Britten) I wonder as I wander, éponyme de l'album, pose immédiatement la marque du talent. Des pianissimi et des mezzo-voce délicats, planent en souffle long, d'accord en accord, sur des silences fascinants, et chaque mot se comprend immédiatement. Der Wanderer D. 489 présente des contrastes un peu excessifs, mais cette petite erreur de jeunesse ne gâche pas un phrasé exemplaire. Im Freien exprime un bonheur déjà tourmenté, et Adelaïde expose avec maestria le cycle de vie mis en abyme, de l'espoir au désespoir. Le cycle An die ferne Geliebte permet à de montrer une grande variété de dynamique et de nuances. Le reflet typiquement romantique entre la nature et les émois de l'âme est magnifiquement rendu. Les Mahler sont au même niveau et Urlicht permet à de distiller jusqu'au sublime ses pianissimi et ses phrases parfaites. Son allemand est aussi impeccable que son anglais, et on n'est pas surpris d'apprendre qu'il fréquente beaucoup les scènes allemandes, notamment à Hanovre.

Le piano de se distingue dans les vagues et les grondements de Auf der Donau, tout comme dans les frémissements de la nature dans Im Freien, ou les trompettes et tambours de Mahler. Son jeu nuancé intelligent et la convergence de vue entre les deux artistes contribuent fortement à la réussite de cet album.

Certes, le programme a été fait pour valoriser les plus beaux registres et les meilleures qualités du jeune baryton, mais c'est bien normal pour un premier récital, et il n'y a pas moyen de tricher sur les qualités du souffle, du style, de l'investissement du texte. James Newby se présente comme un chanteur très doué, distingué, et promis à une très belle carrière s'il ne brûle pas les étapes et s'il sait attendre avant d'aborder les rôles de « Kavalier Baryton ». Pour l'instant, Mozart, Haendel et surtout les lieder lui vont à merveille. On en redemande !

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