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Haiou Zhang transcendant dans un programme Beethoven et Bach

signe un disque dévolu aux œuvres de Beethoven et Bach, envoûtant tant par sa technique que par sa sensibilité.

Né en Chine en 1984, a étudié à Beijing puis à Hanovre auprès de Bernd Goetzke, remportant – en 2003 – le 2e prix au 5e Concours international Vladimir-Horowitz de Kiev dans la catégorie « Intermediate ». Pour ce nouvel album, il revient à son instrument préféré, le piano Bechstein D 282 de la villa Siemens de Berlin.

Dès le début de la Sonate pour piano n° 30 de Beethoven, Zhang joue avec verve et enthousiasme, déployant une palette de nuances raffinées et sensuelles. Dans le deuxième mouvement, Prestissimo, le piano est emporté par un élan fiévreux, dans une respiration nerveuse du soliste. Le finale révèle la ductilité du toucher, la clarté de la cantilène et un sens du legato impressionnant de souplesse, ponctué par une transparence des plans sonores rare qui, quel que soit le tempo dans les variations, n'empêche ni la prise de risque, ni un vrai dramatisme.

Pour la Sonate pour piano n° 32, combine toujours virtuosité et poésie, un jeu tour à tour viril et délicat. Mettant en valeur la diversité des couleurs et des articulations, il parvient à rendre chaque note nettement perceptible, même dans les climax tapissés de textures denses et complexes. Dans Arietta – Adagio molto, semplice e cantabile, il fait preuve d'éloquence et d'une forte concentration sur la qualité de la mélodie : douloureuse, touchante et d'une noblesse exquise. Bien que le mouvement manque de flexibilité dans certains passages soumis à un tempo rapide, les phrasés sont larges et passionnés, en aucun cas exaltés, distillant un timbre marmoréen dans les graves et des teintes subtiles dans les aigus.

Concernant l'interprétation des deux compositions de Bach, respectivement transcrites par Feinberg et Lipatti, nous voici face à une expression d'une simplicité pure et d'une finesse extrême, aussi soignée que naturelle. Haiou Zhang subjugue par sa musicalité comme par l'élégance et des sonorités perlées.

Le disque se clôt sur deux pages de Beethoven. D'abord, la cadence du 1er mouvement du Concerto pour piano et orchestre n° 4, dont la lecture donne envie d'écouter Haiou Zhang tout au long de cette œuvre. Ici, il en propose une version chambriste, propice à l'intimité des atmosphères, mais aussi aux contrastes agogiques et dynamiques, relativement modérés, nous faisant apprécier le caractère aérien de la mélodie portée par la main droite juste avant l'ultime agitation et les derniers accords. Puis, Zhang se montre à la fois ardent et distingué dans l'exécution de la Bagatelle « La Lettre à Élise », qui sous ses doigts associe franchise, limpidité et un lyrisme éthéré.

Cette nouveauté de Hänssler Classic prouve que Haiou Zhang est un artiste dont on devrait parler plus dans les prochaines années.

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