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In memoriam Franco Donatoni

Figure incontournable des avant-gardes musicales de la seconde moitié du XXᵉ siècle, le compositeur véronais (1927-2000) a été également un pédagogue recherché, professeur de composition émérite à l'Académie Santa Cecilia de Rome et personnalité invitée à l'Université de Tokyo. En témoigne cet hommage appuyé rendu au maître par d'anciens élèves, italiens et japonais qui se souviennent.

On compte dans cet album dix compositeurs ou compositrices (six japonais et quatre italiens) et autant de pièces relativement brèves (de 3 à 6 minutes) pour le piano confiées à la seule . L'artiste est native d'Aichi au Japon, diplômée de plusieurs académies italiennes et enseigne aujourd'hui dans son pays. Pianiste aux doigts d'acier, elle développe un jeu puissant et souvent percussif dans des pièces où l'écriture volubile et virtuose voire mécanique d'un Donatoni se ressent. On citera d'abord Una partenza dall'Europa (Omaggio al maestro F.Donatoni) de qui intègre des instances bruitées et dont le matériau de six notes conjuguent les initiales du maître et de l'élève ; le jeu est implacable et souvent en notes répétées dans Illusion de s'attachant à l'aspect éphémère du temps musical. Canto senza parole de Hiroyuki Yamamoto tisse une polyphonie à deux voix voyageant dans tous les registres de l'instrument. Le geste est musclé dans Illuminated Windows II de Rica Narimoto où l'interprète fait valoir le choc des clusters au sein d'une écriture éruptive et puissamment résonnante. Plus souriante mais tout aussi virtuose, Autopoietic motion de privilégie là encore le jeu détaché et l'aspect motorique qui dominent dans cet enregistrement. Les initiales du maitre se retrouve dans Once again de Fiorenza Gilioli tandis que Fabrizio De Rossi Re s'inspire d'un des titres de Donatoni (Refrain) dans Sette Refrains (Una Canzone per Franco), une pièce très réverbérée qui sollicite la voix fredonnante (une citation peut-être) de la pianiste. Le jeu perlé et détaché de peine à s'assouplir dans Tides (Marées) d'Andreina Costantini, pièce « impressionniste » pour laquelle on aurait souhaité plus de sensualité dans les couleurs et dans le geste. Les contrastes sont très/trop accusés dans D'Onde de Sonia Bo s'inspirant du roman de Virginia Woolf, Waves, où s'instaure une dimension narrative. C'est la pièce la plus développée et la seule à utiliser le jeu dans les cordes du piano.

En tête de l'album, Ritratti d'Oriente de , le compositeur à l'initiative de ce projet, est une galerie de portraits s'attachant non pas au maître Donatoni mais à quatre de ses élèves japonais que Luppi a rencontrés à Nagoya et dont la musique, pour trois d'entre eux, résonne dans cet album : couleurs et ampleur de la sonorité dans Il sogno di Akira, virtuosité et précision du trait – Moto(Yama) -, solidité du jeu – Rica – et rythmique implacable – (Hisa)Tome… Des qualités prodiguées par la pianiste dans cet album fort en décibels.

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