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Un nouvel enregistrement Bach pour le label de Philippe Herreweghe

Depuis la naissance de son propre label en 2010, consacre une place de choix à la musique de Bach dont il demeure l'un des plus grands spécialistes. Il propose ici deux cantates et un motet, avec un quatuor de solistes et son fidèle Collegium vocale de Gand.

Continuant l'enregistrement d'albums consacrés à la musique sacrée de , et ses musiciens proposent tout d'abord la Cantate BWV 45 composée à Leipzig en 1726 pour le huitième dimanche après la Trinité. Son texte évoque le sermon sur la montagne de l'Évangile de Matthieu. Elle se compose comme à l'habitude d'un chœur d'entrée, optimiste en mode majeur, suivi de deux airs précédés des traditionnels récitatifs. Au centre de la cantate se place un Arioso concertant pour baryton sur les paroles « Seigneur nous avons prophétisé en ton nom ». Cette œuvre est caractéristique de la maturité, elle se situe dans le troisième cycle de cantates écrites à Leipzig.

À la suite, le disque nous remet en mémoire une œuvre peu connue et peu jouée, le Motet BWV 118 « Ô Jésus Christ, lumière de ma vie ». Celui-ci fut à tort classée par Wolfgang Schmieder parmi les cantates lors de l'édification du catalogue des œuvres de Bach en 1950, pensant sans doute à un chœur d'entrée rescapé d'une œuvre perdue. En fait il s'agit bien d'une œuvre écrite pour une circonstance particulière, l'office funèbre d'une personnalité de Leipzig. On situe sa composition vers 1736. Les paroles du motet évoquant le passage de l'homme de la terre vers le royaume des cieux, ne laissent aucun doute sur sa destination. On dispose de deux versions que Bach lui même intitule « Motetto ». La première avec instruments à vents était sans doute prévue pour une exécution en plein air alors que la deuxième datée de 1746 intègre des cordes pour servir au même usage, mais à l'intérieur d'une église. Ce Motet particulier se révèle à l'écoute comme l'un des plus beaux chœurs jamais composé par Bach. L'ambiance funèbre mais porteuse d'une sereine espérance produit une émotion sensible que et ses musiciens transmettent ardemment à l'auditeur. Il s'agit d'un grand choral où alternent des épisodes instrumentaux. Comme l'indique le texte, une lumière tamisée traverse l'œuvre que l'on pourra prolonger par les reprises des différentes strophes du choral. Sans doute, il s'agit là du plus beau passage de ce nouvel enregistrement.

La troisième pièce proposée est l'Ode funèbre BWV 198, écrite à l'occasion de la mort de la princesse électrice de Saxe, Christiane-Eberhardine en septembre 1727. c'est donc une cantate funèbre riche de dix numéros. Le texte évoque directement l'évènement tragique de la disparition de la princesse. Bach lui-même rapporte sa satisfaction à propos de ce chef-d'œuvre, qu'il conserva en vu de sa future Passion selon saint Marc, hélas perdue aujourd'hui et dont on ne conserve que les paroles du livret. Cette ode compte parmi les plus belles pièces vocales du cantor.

Une nouvelle fois l'interprétation inspirée de cette phalange musicale fait merveille. On appréciera en particulier un quatuor vocal judicieusement choisi par le chef constitué de soprano, alto, ténor et basse. La chaleur des chœurs et la précision des instruments font de ces versions parmi les plus belles de la discographie, soutenue par la belle acoustique légendaire de la Waalse kerk d'Amsterdam. Aux côtés d'autres volumes déjà parus et tout aussi remarquables, Philippe Herreweghe construit pierre par pierre son édifice à la gloire de Bach.

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