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Œuvres pour violoncelle et piano de Weinberg par Marina Tarasova et Ivan Sokolov

défendu aujourd'hui par des Russes sur un label russe, une évidence qui ne l'est pas tant que ça. D'où l'intérêt de cet album de la violoncelliste , qui a connu Weinberg. 

La réappréciation de Weinberg initiée dès le début des années 2000 est venue de l'Ouest, à commencer par l'Allemagne, défendu aujourd'hui plus largement, notamment par Gidon Kremer et le Quatuor Danel. fait partie des musiciens « historiques » qui ont connu le compositeur. En 1979, celui-ci lui a remis la partition de ses 24 Préludes pour violoncelle seul op. 100, dédicacée « À la talentueuse avec les vœux d'une vie créative majeure ». Une œuvre déjà enregistrée par la violoncelliste russe pour le label Northern Flowers (2018).

Les deux Sonates pour violoncelle et piano en ut majeur op. 21 de 1945 et op. 63 de 1959 sont représentatives des périodes créatrices respectives. La première sonate op. 21 a ce lyrisme sombre qui irrigue tout le premier mouvement, avec ces valses hésitations et les multiples changements de climats qui sont la signature de cette époque. Le second mouvement, de près de 12 minutes, est plus dynamique et s'échappe vers le folklorisme où le piano d' (né en 1988) déploie un toucher tour à tour brillant, léger et rêveur qui convient au jeu plein d'autorité et au grain riche de sonorité de la musicienne. La seconde sonate op. 63 a été commandée par et dédiée à Mstislav Rostropovitch en 1959. Les années de terreur stalinienne sont passées par là, et l'expression se fait plus introspective, avec un mouvement lent central peuplé de fantômes. L'Allegro final retrouve de la vigueur, et le violoncelle rugueux s'équilibre avec la légèreté dansante du piano.

La Sonate pour contrebasse op. 108 fait partie d'une série de sonates pour différents instruments solistes (piano, violon puis alto, basson et donc contrebasse) que Weinberg a composé à partir des années 60. Cette partition écrite en 1971 d'une durée de 20 minutes en 6 mouvements évoque une structure de suite baroque, en particulier dans un cinquième mouvement en forme de sarabande exprimant une sorte de détachement, une cérébralité loin des « facilités » du lyrisme, du pathétique, de la danse des jeunes années. Marina Tarasova a certes la gravité et l'abstraction nécessaires mais la spécificité de la contrebasse et ses graves abyssaux manquent ici, amoindrissant sensiblement l'impact de l'interprétation.

En conclusion légère, a réalisé un arrangement des musiques composées par Weinberg pour trois dessins animés de Winnie l'Ourson réalisés par Fiodor Khitrouk entre 1969 et 1972. L'Ourson soviétique ressemblait beaucoup plus à un ours que l'ourson en peluche popularisé par les studios Disney à partir de 1977, et on entend les abeilles qui bourdonnent dans une cadence de Marina Tarasova. Si les années 1970 virent la notoriété de Weinberg s'étioler, ces musiques de circonstances lui assurèrent un vrai succès.

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