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Piano Works Debussy : un duo danse et piano aux Abbesses

Dernier spectacle de Juillet danse, festival proposée par le Théâtre de la Ville et ses partenaires à Paris, Piano Works Debussy fait dialoguer la pianiste et la danseuse sur les œuvres pour piano de Debussy.

C'est sur un piano ancien, un Erard de 1920, issu de la collection de claviers de la pianiste et chercheuse , que cette dernière a choisi de jouer une sélection d'œuvres pour piano de Debussy. Collaboratrice régulière d'Anne Teresa De Keersmaeker, la pianiste française a trouvé en , interprète mythique de Jan Fabre, une alter égo chorégraphique. Ensemble, elles proposent un duo piano-danse intime et complice, dans une scénographie précieuse, constituée d'un panneau mordoré coulissant en arc de cercle, épousant les courbes du piano à queue en marqueterie qui occupe une partie du plateau.

Qu'elle joue le bruit de la pluie qui goutte dans Jardins sous la pluie ou les volutes envoûtantes de l'Espagne de Soirée dans Grenade, mais aussi la Berceuse héroïque ou Des pas sur la neige, extraites des Estampes, Préludes ou Images, la musique pour piano de Debussy se veut caressante, ensorceleuse, enchanteresse. En dialogue avec la plénitude et la sérénité du jeu poétique de , oppose un visage toujours inquiet et un corps intranquille. Son pas épouse l'amble cavalière. Ses mains pleines de détails délicats se posent sur les épaules, les cuisses ou les genoux. Ses mouvements sont assez géométriques, voire anguleux. La danseuse se déplace tantôt latéralement, à l'égyptienne, coudes pliés et levés, tantôt vers l'avant, adoptant des postures guerrières, de combat, le poing fermé et tendu.

Après avoir aidé la pianiste à faire pivoter l'instrument, qui tourne désormais le dos au public, Lisbeth Gruwez s'éclipse pour une courte pause et revient en short doré et chemise noire. Facétieuses et complices, la danseuse et la pianiste échangent alors leurs places un bref instant. Cette double complicité, touchante et émouvante, est le seul concept sur lequel repose le duo, qui n'a pas vraiment de fil conducteur, à la différence du précédent solo de Lisbeth Gruwez, présenté en 2016 au Théâtre de la Bastille. C'est que, bien qu'elle fût l'interprète mythique des œuvres majeures de Jan Fabre comme Je suis sang ou le solo Quando l'uomo principale è une donna, la guerrière de la beauté qu'est Lisbeth Gruwez n'a pas la puissance créatrice du grand chorégraphe, mais la sincérité et l'humilité de son approche la rend hautement estimable.

Crédit photographique © Danny Willems

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