- ResMusica - https://www.resmusica.com -

À Toulouse, l’éternelle actualité de La Fontaine

La cinquième saison de la série de concerts toulousains Musique en dialogue aux Carmélites consacre son édition 2021 au quatrième centenaire de la naissance de . Le bijou baroque toulousain accueillait un quatuor d'artistes bien assorti pour explorer en texte comme en musique « la faune, la flore, la forêt » chers à notre fabuliste préféré.

Ce quatrième concert de la série dédiée à l'éternel La Fontaine réunit la soprano , la mezzo-soprano et le pianiste et arrangeur autour du comédien et metteur en scène

Selon une grande liberté d'interprétation, une mise en espace originale et une aimable diversité, ils ont choisi seize fables où les plus célèbres côtoient d'autres moins connues. Outre quelques destins tragiques comme Le Loup et l'agneau ou La Cigale et la fourmi, la finesse domine avec un humour délicat, ainsi que l'on aimait à écrire et à se divertir au grand siècle.

Après une introduction solennelle où a transcrit la Marche pour la cérémonie des Turcs du Bourgeois Gentilhomme de Lully, William Mesguish déclame Les deux pigeons, immédiatement reprise par dans une douce mélodie d' composée à la fin du XIXᵉ siècle.

Tout au long du spectacle, déclamation et chant alternent, se croisent et se mêlent parfois selon la pratique du mélodrame usitée au XIXᵉ siècle. Alternant au gré des pièces mises en musique par de nombreux compositeurs, et , aux voix claires et complémentaires, se rejoignent aussi en duo pour Le Berger et la mer de , Le Chêne et le roseau de ou Le Lion et le rat de .

En comédien affirmé, qui n'a pas oublié ses classes au Théâtre du Jour de Pierre Debauche, William Mesguich assure une déclamation parfaite, n'omettant, pour le rythme de la versification, aucune diérèse, si souvent passées sous silence. Au-delà de la seule déclamation, il joue le texte, transformant sa voix selon les situations et les personnages, imitant la force de la tempête ou le rugissement du lion, jusqu'à un trio désopilant dans la Cigale et la fourmi mise en musique par . La soprano et la mezzo ne sont pas en reste avec une grande expressivité, parfois burlesque, dans leur interprétation. Mené avec grande intelligence, le montage culmine avec l'intensité des Animaux malades de la peste d'une si cruelle actualité.

Le quatrième personnage, c'est-à-dire le pianiste, n'est pas le moindre, tant est capital le rôle de l'accompagnateur. Les mises en musique des compositeurs sont très élaborées et quelques pièces solistes permettent aux voix de se reposer tout en donnant une respiration au spectacle. C'est ainsi qu'il a réjoui le public avec l'Aquarium extrait du fameux Carnaval des animaux de Saint-Saëns et du célèbre Coucou de .

Ce spectacle d'une belle densité et d'un rythme soutenu réjouit l'esprit.

Crédit photographique : © Jean-Jacques Ader

(Visited 428 times, 1 visits today)