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The Cellist/Dances at a gathering au Royal Ballet

Très bien agencé, ce double programme met en regard Dances at a gathering, chef-d'œuvre de , et The Cellist, dernière création de autour de la figure de la violoncelliste .

Conteuse hors pair, la Britannique consacre son nouveau ballet à une figure féminine de talent. Après la reine Victoria en 2019, Lady Chatterley et Jane Eyre, c'est la vie d'une artiste, la violoncelliste (1945-1987), qu'évoque la chorégraphe dans ce ballet en un acte. Célèbre pour son talent précoce, celle qui fut l'épouse du chef d'orchestre Daniel Barenboim, connut un destin tragique. Frappée par la sclérose en plaques, elle dut progressivement renoncer à l'exercice du violoncelle et mourut à 42 ans. a eu l'idée de génie de donner vie au violoncelle de en la personne du danseur . La relation de la jeune fille puis de la femme avec son instrument est ainsi incarnée avec sensualité dans des pas de deux où la musique prend corps. La relation devient véritablement fusionnelle avec cet instrument qui prend vie sous les doigts de fée de Jacqueline. La séparation n'en est que plus douloureuse lorsque ces mêmes doigts refusent de lui obéir, la maladie s'attaquant au système nerveux.

Son histoire d'amour avec Daniel Barenboim, interprété par le charismatique Matthew Ball, est passionnée et dure jusqu'à sa mort. Elle débute par un incroyable concert/ballet, où chaque instrument est incarné par un danseur. Ce concert en mouvement est un régal aussi bien pour les yeux que pour les oreilles. Après une brève rémission, Jacqueline, aidée par son mari, tente de donner un dernier concert mais son bras se met à trembler si fort qu'elle est incapable de jouer. S'en suit un bouleversant pas de deux avec son violoncelle à qui elle doit renoncer. L'interprétation de est impeccable du début à la fin. Elle parvient à donner au personnage une force et une joie de vivre que seule la progression de la maladie pourra briser. est admirable de musicalité et de présence dans le rôle du violoncelle.

Ce ballet narratif est une réussite, aussi bien par la qualité de la chorégraphie que par la très belle partition de Philip Feeney et l'excellence des interprètes.

La première partie du programme est dédiée au chef-d'œuvre de , Dances at a Gathering, sur la musique de Chopin. Contrairement à l'œuvre de Marston, ce ballet n'est pas narratif mais consiste en une succession de tableaux, solos, pas de deux ou de trois, ensemble, alternant des humeurs différentes, allant de la mélancolie (Mazurka en do mineur dite du danseur en brun) à l'humour en passant par l'espièglerie (Grande valse). Robbins montre le raffinement d'une danse néoclassique fluide, enlevée et précise.

Une distribution de haut vol vient donner toute sa saveur à cette œuvre que l'on a toujours plaisir à revoir. , et forment un trio complice et charmant dans la mélancolique Valse en la mineur. Yasmine Naghdi est mutine à souhait dans son duo avec Luca Acri. Alexander Campbell interprète un danseur en brun élégant et terrien. Chacun de ces danseurs contribue à faire de cette pièce un moment de grâce, porté par le seul plaisir de danser.

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