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Apocalypsis d’Édith Canat de Chizy en création mondiale à Metz

Dans un programme constitué de grands classiques de la musique française, se détache une pièce majeure de la compositrice française .


On ne cherchera pas à cacher que le concert d'ouverture de saison de la Cité Musicale-Metz était surtout l'occasion d'entendre en première mondiale la nouvelle composition d', la pièce pour chœur et orchestre Apocalypsis.

Commandée dans le cadre des 800 ans de la Cathédrale Saint-Étienne de Metz, cette œuvre ambitieuse aurait dû être créée en décembre 2020, mais la création dut être reportée en raison de la pandémie mondiale. Inspirée par des textes de Hildegarde von Bingen, de Nostradamus ainsi que de l'Apocalypse de Saint Jean, l'ouvrage, partiellement écrit au cours du premier confinement de l'année 2020, ne manque pas de faire le lien entre les sept fléaux de Babylone et la crise sanitaire que nous avons traversée ces derniers mois. La Covid-19 est en effet indirectement évoquée par le compte à rebours du cinquième mouvement de la pièce (« Dix, neuf, huit, etc. ») et, de fait, tout le texte d'Apocalypsis, une réunion de fragments écrits en français, en latin et en anglais, peut se lire comme un avertissement adressé à l'humanité. Comment réagirons-nous à l'issue de cette crise, quelles leçons saurons-nous en tirer, quelles en seront les répercussions dans le déroulement de notre vie, telles sont les interrogations livrées au public ? La deuxième partie de l'œuvre, qui fait suite au silence assourdissant qu'annonce la chute de Babylone dépeinte lors de la séquence n°5, introduit un message d'amour et d'espoir qui rappelle que, étymologiquement, le terme « Apocalypse » ne signifie rien d'autre que la révélation finale. Écrite pour chœur et orchestre, cette œuvre de toute beauté, qui semble explorer à l'infini toutes les possibilités vocales et orchestrales des effectifs qu'elle convoque, est évidemment de la plus grande exigence pour la totalité de ses interprètes. Particulièrement sollicités pour la recherche de couleurs rauques et gutturales, également mis à l'épreuve dans les extrêmes graves et aigus de leur voix. Les 32 chanteurs de l', préparés par , livrent une performance remarquable, qui est pour beaucoup dans l'ovation générale suscitée par l'audition de cette œuvre magistrale.


Le concert se poursuit avec le trop rare poème symphonique de Nuit d'amour bergamasque, évocation nostalgique des ivresses et des délices de l'amour, par un tout jeune compositeur de 22 ans, alors très fortement marqué par l'impressionnisme français fin de siècle. Les chatoiements d'une orchestration subtile et raffinée (présence du célesta, d'un saxophone…) mettent en valeur certains instrumentistes de l', en très grande forme pour ce concert d'ouverture de saison. L'enivrant Concerto pour piano n°2 de fait quant à lui fait valoir valeur l'extraordinaire virtuosité du jeune pianiste suisse , éblouissant autant par sa perfection technique que par le lyrisme postromantique dont il sait parer ce morceau emblématique. Particulièrement enthousiasmant, le caractère dansant et sautillant du deuxième mouvement. Pour finir sur un coup d'éclat, c'est sur les trois mouvements de la célèbre Ibéria de Debussy que s'achève le concert, occasion de faire ressortir les cuivres d'un orchestre, dirigé ce soir par son chef titulaire , dont les affinités avec cette période de la musique française ne sont plus à démontrer. Un concert cohérent et équilibré, donné dans une salle enfin comble, qui augure de belles soirées pour les mois à venir.

Crédit photographique : Edith Canat de Chizy © Festival Présences féminines ; © Cyrille Cauvet

Retrouver un entretien d' sur la question spirituelle:

Édith Canat de Chizy, composer aujourd'hui

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