L'éditeur jeunesse québécois fait paraître deux albums musicaux de belle facture.
Le vieillard et l'enfant est une nouvelle de la romancière canadienne Gabrielle Roy (1909-1983), adaptée ici pour la jeunesse par Dominique Fortier. Narrée par la voix chaleureuse et joliment nuancée de Marie-Thérèse Fortin, l'histoire dure tout de même vingt-trois minutes, ponctuées de quelques courts intermèdes instrumentaux. On y découvre, au cœur d'un été caniculaire au Manitoba, la petite Christine qui se prend d'amitié pour un vieil homme et se retrouve à passer une journée avec lui pour aller voir le grand lac Winnipeg. L'action est censée se passer dans les années 1920, mais les thèmes abordés sont universels et intemporels : la petitesse de l'homme face à la nature, l'amitié, le temps qui passe et la mort, et surtout la transmission entre les générations. Tout est grâce et intelligence dans cette histoire à la fois grave et légère, simple et profonde. Et les somptueuses aquarelles de Rogé (Roger Girard) offrent une illustration parfaite au texte. Une fort belle découverte.
À la suite du conte, le disque contient treize chansons de Daniel Lavoie, sur des textes de Christian Vézina et Dominique Fortier, qui font librement écho à des passages de l'histoire. Malicieux, variés et recherchés, les textes sont chantés par Ingrid Saint-Pierre, Daniel Lavoie, Alexandre Désilets ou encore les sœurs Boulay. C'est là de la variété de bonne qualité, qui peut s'écouter indépendamment de l'histoire, ou peut également aider les plus jeunes à aborder ce texte un peu long pour les moins de 7 ans.
Dans Une fête sous la lune, les chansons sont au contraire pleinement intégrées à l'histoire. On avait découvert la bande à Bébert dans un pique-nique au soleil, la voici de retour avec les mêmes ingrédients, et par les mêmes auteurs. Cette fois-ci, l'histoire est placée sous les auspices de Lewis Carroll, puisque les quatre amis rencontrent une petite fille nommée Alice et vivent avec elle toutes sortes d'aventures plus incongrues les unes que les autres. À vrai dire, l'histoire est tellement décousue qu'on a parfois l'impression qu'elle sert surtout à nous faire passer d'une chanson à l'autre. Celles-ci, alternant, là aussi, créations originales et arrangements de chants traditionnels (Une souris verte, Dans la forêt lointaine…), par Jérôme Minière, n'appellent pas davantage de compliments que pour le premier album consacré à la bande à Bébert. Mais les illustrations de Marianne Ferrer sont toujours aussi réussies. Et la composition du disque, avec une plage de 36 minutes présentant le conte avec les chants, puis une plage par chanson, permet là encore d'envisager une lecture avec accompagnement sur mesure.