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À Luxembourg, récital de Joyce DiDonato, la « Yankee Diva »

Professionnalisme à l'américaine pour un récital chant-piano de la grande .


Artiste en résidence à Luxembourg, sera très présente au Grand-Duché ces prochains mois, et c'est dans l'intimité de la Salle de Musique de Chambre de la Philharmonie que la « Yankee Diva » choisit de débuter sa saison luxembourgeoise. Le programme retenu pour cette soirée est dans la lignée des grands récitals piano-chant auxquels les grandes chanteuses du passé ont habitué leur public : une grande pièce du répertoire classique en guise d'introduction pour se chauffer la voix, un cycle de lieder allemands pour terminer la première partie sur un note sérieuse, la pièce de résistance en début de deuxième partie, puis de quoi dérider la salle en fin de concert. Tels sont les ingrédients d'un triomphe assuré. Le pari est-il pour autant tenu ?

Avec la cantate de Haydn Arianna a Naxos, DiDonato se mesure au souvenir laissé par les grandes cantatrices des précédentes décennies : Teresa Berganza, Jessye Norman affectionnaient ce morceau pour démarrer leur récital. Sans doute est-ce la pièce qui convient le mieux à la vocalité actuelle de notre rayonnante mezzo, toujours à la recherche de nouvelles couleurs et de nouvelles intentions musicales. On a un peu perdu, depuis, l'habitude d'entendre ce morceau accompagné d'un Steinway, même si l'on ne se plaindra pas du jeu voluptueux et capiteux du pianiste . Avec les Rückert-Lieder de Mahler, la mezzo sort clairement de sa zone de confort, et il aura fallu quelques mots d'introduction pour indiquer que c'est lors de la période du premier confinement de l'année 2020 que a découvert ce cycle ainsi que les affres, dont il traite : isolement, solitude, etc. L'allemand est pâteux, les phrasés précautionneux et l'ensemble paraît particulièrement artificiel. Christa Ludwig, où êtes-vous ?

La deuxième partie trouve la cantatrice davantage dans son élément, et les arias de Cléopâtre (Hasse et de Haendel) et de Didon (Berlioz) lui valent un triomphe bien mérité. Le décrochage vers la partie humoristique du programme démarre avec de nouveaux mots d'explication, dans lesquels la diva s'adresse à tous ceux qui, comme elle, ont souffert autrefois, dans leur apprentissage du chant, de l'omniprésence des fameux arie antiche réunis par Alessandro Parisotti. C'est donc une version jazzy des « Caro mio ben » et « Se tu m'ami » que nous proposent Joyce DiDonato et , ce dernier se donnant à cœur joie dans des improvisations du meilleur effet. Dernière salve avec un « (In my) Solitude » de , histoire de rappeler le thème général du récital, puis un « La vie en rose » démarré dans un français pour le moins laborieux pour s'achever dans un anglais dont l'effet, finalement, aura surtout été de souligner l'artificialité d'un crossover peu susceptible de satisfaire les amoureux du classique, et encore moins le public féru de chanson française. Véronique Gens, dans un de ces derniers enregistrements, y mettait cent fois plus de chic et d'élégance. Le premier des deux bis, « I love a piano » de Irving Berlin, aura surtout servi à mettre en valeur l'extraordinaire dextérité pianistique de , et le deuxième, le célébrissime « Over the Rainbow », aura permis de finir sur un moment de grâce vocale tout en évoquant les origines de notre « Yankee Diva ».

Crédit photographique : Joyce DiDonato © Simon Pauly

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