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L’Opéra d’Athènes commémore la révolution grecque avec Mozart

Dans le cadre des commémorations du bicentenaire de la guerre d'indépendance qui opposa les Grecs à l'Empire ottoman, l'Opéra national de Grèce présente une production des Noces de Figaro de Mozart enregistrée au printemps dernier sans public, et diffusée en streaming.

Malgré le contexte et contre toute attente, il serait vain de vouloir chercher dans la mise en scène une quelconque composante socio-politique (à laquelle l'opéra de Mozart se prête pourtant comme un gant). préfère ici s'en tenir, avec un bonheur certain, à une vision purement burlesque fidèle à l'opéra buffa dans une transposition temporelle des années 60. La scénographie très étirée comprend huit pièces en enfilade figurant le palais du Comte Almaviva, aux décors (Yannis Katranitsas) d'un kitsch assumé, renforcé par les costumes idoines de Ioanna Tsami. Cette organisation du plateau en plusieurs lieux vus simultanément offre au spectateur une plus grande lisibilité du texte, de la dramaturgie et de la composante psychologique des différents personnages. Ainsi découvre-t-on une comtesse boulimique, un comte « sex addict », un musicien paumé qui erre dans les multiples décors en jouant des récitatifs très remaniés aux accents jazzy, et un frigo où s'entassent nombre de personnages… Tout cela est bel et bon, concourant à la farce elle même entretenue par un jeu d'acteurs irréprochable.

La distribution vocale est à l'avenant, d'une rare homogénéité : en commençant par Dionysios Sourbis qui campe un Figaro de haut tenue vocale auquel fait face la Suzanne pétillante et bien chantante d'. en Comte impose aisément sa stature vocale de prédateur sexuel, et de dindon de la farce, tandis que la Comtesse de négocie avec aisance ses deux airs emblématiques, avec un « Dove sono » manquant toutefois quelque peu de souplesse et de nostalgie. Miranda Makrynioti incarne un Chérubin irrésistible de charme et d'abattement scénique. La vipérine Marcelline de Marissia Papalexiou, la piquante Barberine de Marilena Striftobola, l'inénarrable et irrésistible Basilio de Christos Kechris sans oublier Yannis Yannissis en Bartolo et Kostis Rassidakis en jardinier, complètent cet excellent casting.

Dans la fosse, conduit les troupes de l'Opéra national de Grèce avec une verve de bon aloi, soucieux de respecter les équilibres avec les chanteurs et d'entretenir l'ambiance jubilatoire par un phrasé plein d'allant, apportant une large contribution à la réussite de cette « folle journée » qu'il est possible de regarder sur GNO TV jusqu'au 31 décembre.

Crédit photographique : © A. Simopoulos

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