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Marlene Monteiro Freitas voit le Mal partout

À qui en veut-elle autant, pour explorer le mal sous toutes ses coutures dans un pensum grinçant intitulé Mal – Embriaguez Divina vu au Centre Pompidou et actuellement au Nouveau Théâtre de Montreuil ?

Inspirée de l'ouvrage La littérature et le mal, de Georges Bataille, cette performance commence comme une dictature d'opérette, avec ses soldats d'apparat aux gants et képi blancs et en uniforme de velours bleu qui défilent au pas ou en mimant le geste des tireurs. Mais c'est autour de la grande tribune centrale, élément principal de la scénographie, que se construit la dramaturgie de ce ballet aux abords mal aimables. De ce tribunal, où sont alignés sur trois étages des caricatures à la Daumier et des tronches à la « Freaks », se joue la comédie humaine : gratte-papiers et fonctionnaires, infirmière ou dentiste, religieuse et évêque.

La chorégraphe d'origine cap-verdienne , qui a un indéniable talent pour le mime et la caricature, a réuni un casting cinq étoiles avec des acteurs-danseurs extraordinaires et grimaçants, jouant de leurs corps comme autant d'instruments de musique. Qu'ils soient grands ou petits, avec ou sans jambes, ils usent de leur mobilité comme les figurines animées d'une vitrine de Noël. On reste en effet fascinés devant la chorégraphie minutieusement réglée des entrées et sorties de chacun des personnages à la tribune, de leurs corps étalés ou inclinés dans ces box étroits et des mimiques qui leur permettent d'incarner mille personnages en un seul.

Cependant, à force de musiques tonitruantes au volume excessif qui joue sur les nerfs, d'allers et venues innombrables et parfois absurdes, on perd parfois le sens de ce que a voulu démontrer. Où est le mal ? Quel est l'objectif qu'elle poursuit en le dénonçant ? Et surtout, quelle est la place du spectateur, forcément passif, dans cette démonstration implacable et forcée ?

Malgré un casting de haute volée et une mise en scène bluffante, cette histoire sans paroles est aussi difficile à écouter que fascinante à regarder.

Crédits photographiques : © Peter Hönnemann

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