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Rocio Molina, au-delà du flamenco

Le Théâtre de Chaillot accueille les deux premiers volets de la Trilogie pour guitares de Rocio Molina, flamboyante et mystérieuse étoile du flamenco contemporain. Dans le premier, Inicio (Uno), elle est accompagnée de . Dans Al Fondo Rielo c'est un duo de guitaristes, Eduardo Trassierra et , qui l'encadre.

Pour Inicio (Uno), le premier volet de cette Trilogie pour guitares initiée en 2020, Rocio Molina arrive, pure et transparente, auréolée d'un halo lumineux légèrement rosé. À rebours de la fureur flamenca, ses ports de bras sont subtils et légers, avec des mains qui encadrent délicatement le visage, des poignets qui s'ourlent en sortant de la manche. La danseuse flamenca frappe l'eau, symbole de pureté, de ses éventails dont le cliquetis accompagne chacun de ses gestes.

Comme une chrysalide sortant de son cocon, Rocio Molina semble renaître des limbes dans une aura de douceur, vêtue d'une ample jupe de tulle et d'une blouse d'organza. Elle accompagne avec bienveillance le guitariste virtuose assis à ses côtés sur une chaise de paille, dans une complicité exceptionnelle. Car c'est la musicalité de la danseuse qui frappe, outre sa présence physique magnétique.
Dans ce spectacle, elle s'inscrit aussi à travers de multiples références (le tissu, la transparence, le halo colorisé) dans l'histoire de la danse brute, dont les plus illustres performeuses furent Loïe Fuller et Isadora Duncan, et plus près de nous, la « Blue lady » Carolyn Carlson. Une manière d'aller au-delà du flamenco pour continuer à tracer sa propre voie.

Même apparition, mais en noir cette fois, après un entracte d'une heure pour Al Fondo Rielo (Lo Otro del Uno). Rocio Molina est sophistiquée avec sa longue jupe en satin noir. Le travail subtil et riche des lumières met en valeur ses mains et ses poignets qui se détachent et une silhouette dont l'ombre se projette en fond de scène. Extraordinaire silhouette en tenue de gaucha avec son sombrero noir, le boléro très épaulé et la jupe retroussée laissant voir ses chevilles gainées de noir frappant le sol d'encre. Elle retrouve ici le zapateado qu'elle avait délaissé en première partie et nous régale de sa capacité unique à capter l'attention par son magnétisme, sa précision.

La guitare très mélancolique proche du fado d' est bientôt rejointe par un deuxième guitariste, . Sur un cyclo bleu, Rocio Molina réapparaît alors majestueuse, dans une robe flamenca bleu nuit à traîne. Ses ports de bras, ses cambrés deviennent alors légendaires. Et dans une ultime pirouette, moulée et entièrement masquée dans une combinaison à fleurs, elle salue son public en transe.

Crédits photographiques : © Oscar Romero

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