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11e Concours International chant-piano Nadia et Lili Boulanger

A présent bien reconnu le Concours Nadia et Lili Boulanger procédait à sa onzième édition. Cette compétition, qui se tient tous les deux ans, récompense les meilleurs duos piano-chant dans le domaine de la mélodie et du lied.

Le programme est très exigeant, les candidats devant présenter une trentaine d'œuvres allant de Haydn et Mozart jusqu'à des ouvrages contemporains, ce qui implique une longue préparation à deux pour chaque équipe, et détermine également leur capacité à bâtir un programme cohérent.

Pour les éliminatoires, chaque duo devait interpréter Renouveau de Déodat de Séverac et Musikantengruss de Bruno Walter, ainsi que des œuvres au choix. Pour la demi-finale, chacun devait présenter un programme comportant obligatoirement une mélodie de Fauré ou de Saint-Saëns, un lied de Schubert, Schumann ou Brahms, un autre de Mozart, Haydn ou Beethoven, une à trois mélodies en langue française, un à trois lieder en langue allemande, et une à trois mélodies dans une ou plusieurs langues qui ne soient ni le français ni l'allemand, ainsi que Lettre à ma sœur tant aimée composée à cette occasion par , inspiré par une lettre envoyée à Lili, malade, par Nadia. C'est une surprise, car dans les éditions précédentes, les œuvres expressément commandées par le CNLB étaient réservées à la finale.

Pour celle-ci, justement, chaque duo doit interpréter un programme choisi par le jury dans son répertoire et comportant obligatoirement une mélodie de Lili Boulanger ou de Nadia Boulanger, plus un choix de mélodies non interprétées aux tours précédents. Les finalistes tiennent ainsi un véritable récital d'une demi-heure.

Ce concours représente un véritable tremplin pour de jeunes artistes. Ont ainsi été notamment primés lors des années précédentes, Edwin Crossley-Mercer, Tristan Raës, Damien Pass, Adèle Charvet, Qiaochu Li ou encore Ambroisine Bré. Les anciens lauréats y semblent attachés, puisque la soprano Clémentine Decouture, prix de mélodie 2013, présente les candidats de la finale et leur programme, tandis que le pianiste Daniel Gerzenberg, primé il y a quatre ans, fait désormais partie du jury. En plus de ce dernier, le jury a fait appel à de grands noms : outre le président Ronald Zollman, on y retrouve les chanteurs(ses) Stéphane Degout, Bernarda Fink, Martyn Hill et Sandrine Piau, et les pianistes Claire Désert, Antoine Palloc et Jan Schultsz.

Cependant, disons le tout net, la finale à laquelle nous avons assisté n'est pas le meilleur cru que nous avons entendu.

Le grand prix de duo piano-chant a été attribué à et au pianiste , et si on a vraiment été emballée par ce dernier, la soprano, qui possède de gros moyens et du tempérament, manque un peu de subtilité. Elle serait vraisemblablement plus à l'aise dans l'opéra proprement dit.

Le prix de la mélodie a été décerné à l'autre soprano, , accompagnée par . Leur cas est exactement l'inverse : alors qu'on a admiré le joli timbre sensuel et l'abattage de la cantatrice, le pianiste nous a semblé bien froid et scolaire.

Le prix du lied revient à et , pas tout à fait murs mais témoignant de belle intentions.

Le prix Déodat de Séverac a été attribué à la mezzo-soprano Anne-Lise Polchlopek et la pianiste Elenora Pertz, qui auraient probablement mérité plus, car leur équipe était la plus soudée.

Les deux perdants de cette finale sont les duos Vincent Kusters et Suzuha Hirayama, qui n'ont pourtant pas démérité, surtout la pianiste, qu'on a trouvé très sensible, et Benoit Rameau et Johan Barnoin, le ténor étant desservi par des aigus étranglés ou émis en désagréable falsetto.

Crédit photographique : Salle de concert du Conservatoire national supérieur d'Art dramatique à Paris où se tient le concours ©  CNLB

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