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L’enfance Pop de Mathilde Monnier dans Records

À défaut de vinyles, c'est de souvenirs que emplit la besace de Records, entre jeux de récré et personnages de BD. Un infini terrain d'expérimentation et de nostalgie créé l'été dernier à Montpellier Danse.

Que font les enfants dans une cour de récréation ou un terrain vague ? Ils jouent à se mesurer, endossent des rôles qui siéent à leur fantaisie et mettent en scène leurs personnages préférés. C'est un peu ce que fait dans Records.
Six femmes en position d'attente, qui regardent vers l'horizon le ciel chargé de nuages d'où percent les derniers éclats rougeoyant d'un soleil couchant. On y retrouve dans ce décor l'esprit des ciels des peintres flamands ou des pastels de Nicolas Dervhillers, dans des paysages célestes filmés par Jocelyn Cottencin. La lumière, signée Éric Wurtz, est à l'unisson, baignant le plateau dans un halo orangé.

Dans cet espace presque neutre, les six femmes aux seins nus enchaînent, le plus souvent au sol, les positions d'un vocabulaire gestuel basé sur le yoga ou le Pilates. Puis elles se lancent à la verticale en donnant des coups de pied en rythme alterné contre un demi-mur. Les changements de rythme sont dictés par des injonctions en anglais, lancées par l'une ou l'autre des danseuses.

Cette longue séquence bruitiste se poursuit par une série d'improvisations d'humeurs, à la manière de personnages de bande dessinée qui s'expriment par mots-clés ou onomatopées. Ces personnages de comics qui s'écrient « waouh ! » ou « génial ! » s'animent avec énergie dans des gestes absurdes, comme les héros enfantins. Il y a en effet quelque chose de l'enfance dans cette inventivité formelle qui ressemble plus à un jeu de cour d'école qu'à une chorégraphie.

Mais brouille les pistes. Si ses six interprètes (et elle-même en remplacement d'une danseuse blessée) sont bien vêtues de jeans et de baskets, leur torse est nu et le bombers de soie orange qui les vêt passe d'épaule en épaule. L'enfance pop de Mathilde Monnier se teinte soudain alors de l'orange psychédélique du crépuscule, laissant un goût d'inachevé et de nostalgie.

Crédits photographiques : @ Marc Coudrais

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