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Le cinéma fait Relâche au Musée d’Orsay

Reprise au Musée d'Orsay de la recréation par le CCN–Ballet de Lorraine de Relâche, ballet de créé pour les sur une idée de , l'un des fondateurs du mouvement Dada. Un écrin insolite pour un spectacle qui l'est tout autant !

L'exposition « Enfin le cinéma ! » au Musée d'Orsay donne une occasion exceptionnelle de découvrir ou redécouvrir Relâche, interprété par le Ballet de Lorraine, avec les musiciens de l'Ensemble Contraste. Installé dans la grande nef du musée, on aperçoit les musiciens nichés entre les statues et le décor insolite du premier ballet Dada, qui n'avait jamais été repris dans sa version historique avant la reconstitution entreprise par , le co-directeur suédois du CCN – Ballet de Lorraine en 2014, dans l'objectif de réinscrire cette œuvre dans son contexte géographique et culturel français.

En 1924, Picabia fait acte de provocation avec ce ballet de Jean Borlin sur une musique extravagante d'Erik Satie, associant pour la première fois danse et cinéma avec le film du jeune Entr'acte. Il s'agit d'une commande de Rolf de Maré, mécène et fondateur des . Cette compagnie, née de la séparation de Michel Fokine d'avec les Ballets Russes de Serge de Diaghilev, a montré sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées un nombre impressionnant de créations en 1920 et 1925. En quatre ans, ne créera pas moins de 24 chorégraphies, dont beaucoup sont documentées au Dansmuseet de Stockholm.

Relâche s'ouvre comme un aimable divertissement des années folles, sous la surveillance d'un pompier débonnaire qui passe son temps à transvaser de l'eau d'un seau à un autre. Une femme, toute de strass et de paillettes vêtue, danse le fox-trot avec un homme en frac et chapeau haut de forme. À défaut de « chorus line », on a une rangée de garçons arborant la même tenue. Pieds à la main et autres acrobaties empruntées au cabaret font l'ordinaire de cette haie d'honneur en noir et blanc.

Le ballet est conçu comme un écrin pour le film de , qui porte à l'écran un scénario écrit par Picabia. C'est l'un des tout premiers films surréalistes, qui met en scène des situations aussi absurdes que poétiques, à un rythme effréné et avec une inventivité visuelle époustouflante. Le film s'inscrit particulièrement bien dans les thèmes abordés dans l'exposition « Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France » : la vitesse, les corps, la réalité augmentée ou l'immersion dans l'image.

La deuxième partie du ballet prolonge en effet le film, avec des hommes courant derrière le corbillard dont on avait suivi la course folle pendant presque tout le moyen-métrage. Cet aller-retour entre la chorégraphie proposée sur la scène et les mouvements des figurants et des comédiens du film fait tout le sel de cette reprise et démontre le caractère toujours avant-gardiste de cette mise en abîme.

Crédits photographiques © Sophie Crépy / Musée d'Orsay

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