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Les 3 Works for 12 d’Alban Richard à Chaillot

revisite le minimalisme des années 70 avec 3 Works for 12, une triple programmation musicale pour les 12 danseurs du Centre chorégraphique national de Caen.

Pas de cintres, ni de pendrillons, mais une immense sculpture lumineuse suspendue au milieu du vaste plateau nu du Théâtre national de Chaillot. Cette exploration du minimalisme musical américain des années 70 commence par la scénographie, minimale. a choisi trois pièces musicales des minimalistes américains des années 70 pour sa nouvelle pièce, 3 Works for 12, créée la semaine dernière à Caen où il dirige le centre chorégraphique national. Trois pièces qui s'enchaînent assez naturellement, autour du mouvement rythmique et proposant aux danseurs une partition musicale très écrite.

Sur la première pièce musicale, Hoketus de , explore la mécanique d'une série de gestes répétés à l'unisson, puis progressivement décalés en canon pour des groupes de plus en plus réduits, jusqu'à l'individualité de chaque trajectoire dansée. Elle offre ensuite, grâce a ses déplacements plus larges, une variation sur le mouvement du tour, que les danseurs effectuent à chaque gruppetto du saxo.

La deuxième pièce, Fullness of wind, de , pour cordes, donne lieu à une séquence plus douce, où chaque danseur poursuit sa ligne mélodique. Les costumes aussi suivent une évolution géométrique, des pièces de vêtements s'ajoutant ou se retranchant entre chaque séquence. La boîte à rythmes d'un synthétiseur vient ajouter une touche finale très vintage à l'ensemble.

La troisième pièce, sur Pulsers de , est de loin la plus intéressante. Enfin libérés de leurs chaînes, cheveux dénoués, les danseurs lâchent leurs corps exaltés. Même si chaque danseur conserve une certaine mécanique dans la gestion de sa trajectoire dansée, la spatialisation du son ajoute de l'étrangeté à l'expérience. Comme des oiseaux de paradis pris au piège d'une volière, les danseurs sont désorientés.

Dans cette proposition radicale, Alban Richard va jusqu'à l'épuisement de la forme, dans l'individualité de chaque danseur sans chercher à composer ou à écrire des ensembles. Sa gestion virtuose de l'espace et la confrontation avec trois partitions méconnues de musique minimaliste américaine font de 3 Works for 12 une puissante pièce de combat. Pour aller encore plus loin, le défi d'enchaîner les trois pièces ou de proposer des intermèdes ou des astuces scénographiques entre chaque partition musicale aurait aussi été intéressant à explorer.

Crédits photographiques : © Agathe Poupeney

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