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Découverte d’un manuscrit pour clavecin de la fin du XVIIe siècle

nous révèle un nouveau manuscrit du répertoire français pour clavecin provenant de l'entourage de Louis XIV.

Le hasard fait parfois bien les choses : mis en vente sur la Toile, ce précieux manuscrit est opportunément tombé entre les mains expertes du claveciniste . La grande familiarité de ce dernier avec les opéras de Lully lui a permis d'identifier les nombreuses transcriptions du corpus : parmi les quatre-vingts pièces contenues dans l'ouvrage, trente-quatre sont des transcriptions pour clavier d'airs ou de danses du Surintendant, dans la lignée des transcriptions faites par d'Anglebert à l'époque. Voilà donc un nouveau chaînon qui s'ajoute à la liste des recueils manuscrits pour le répertoire de clavecin de la deuxième moitié du XVIIᵉ siècle. Les plus importants sont les manuscrits Bauyn et Parville, sources précieuses et parfois uniques pour les musiques de Louis Couperin, Lebègue, Champion de Chambonnières, Hardel … Celui que nous découvrons dans cet enregistrement a appartenu à Lydie de Théobon, demoiselle d'honneur de la reine Marie-Thérèse avant d'être celle de la princesse Palatine et qui fut la maîtresse du roi Louis XIV entre 1670 et 1673. En plus des transcriptions d'opéras de Lully, il comprend sept préludes non-mesurés inédits, des pièces de d'Anglebert, Champion de Chambonnières et d'autres auteurs de l'époque, ainsi que des airs et des danses anonymes.

a fait le choix judicieux de regrouper ces pièces, parfois très courtes, par tonalité, formant ainsi des suites inédites et fort bien construites. Ce qui frappe d'emblée à l'écoute, c'est le caractère dansant de ce répertoire, parfaitement rendu par le jeu très dynamique de l'interprète. La plupart des pièces évoquent des airs à la mode que chacun connaissait à la cour, et des « tubes » des opéras de Lully, comme les Songes d'Atys. Rappelons que Christophe Rousset a enregistré avec son ensemble Les Talens Lyriques huit grand opéras du Surintendant, ainsi que le Ballet royal de la naissance de Vénus très récemment. Il connait donc parfaitement ce répertoire, dont il caractérise les danses avec beaucoup de naturel. On retrouve ce grand style dans la Passacaille d'Armide et la Chaconne de Phaëton, mais aussi dans les danses plus légères que sont les menuets et les gigues. La pièce la plus développée du programme est empruntée à d'Anglebert : les Folies d'Espagne et ses vingt-trois couplets (un de plus que dans l'original), où l'interprète varie les tempi d'une variation à l'autre. On pourra comparer à la version qu'il en donnait il y a plus de vingt ans dans son intégrale des pièces pour clavecin de d'Anglebert.

L'instrument choisi pour cet enregistrement est le superbe clavecin Nicolas Dumont de 1704, récemment restauré par David Ley, dont le son chatoyant rend parfaitement justice à ce répertoire. Avec ce manuscrit révélé au public, Christophe Rousset apporte une nouvelle pierre dans son jardin … à la française.

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