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Le Ballet Rambert plonge dans Wim Vandekeybus

Rajeuni, le travaille pour la première fois avec le chorégraphe flamand pour Drawn from within, présenté au Théâtre du Châtelet. Pari relevé pour la plus ancienne compagnie anglaise, mais le spectateur reste sur sa faim.

, que le public du Théâtre de la Ville a vu à de nombreuses reprises depuis 1995 avec sa compagnie , revient à Paris pour la première fois depuis 2017 avec Drawn from within, une création taillée sur mesure pour le et ses dix-neuf jeunes danseurs. La compagnie anglaise, établie à Londres depuis 96 ans, a été largement renouvelée par Benoit Swan Pouffer, son directeur artistique depuis 2018, qui a puisé dans l'éventail de talents offert par la compagnie junior, Rambert 2. Malgré l'énergie et l'engagement des jeunes danseurs, le résultat de cette collaboration inédite laisse dubitatif.

La pièce se veut narrative, inspirée d'un dispositif imaginé pendant le confinement pour être diffusé en streaming. Les tableaux proposés dans cette version scénique semblent donc davantage conçus pour être vus à travers une caméra qu'à lointaine distance dans un théâtre à l'italienne. Les images, fugaces, sont belles : un fil de fumée que l'on suit en volutes, une flamme qui se transmet presque de bouche à bouche, des dessins géants sur un papier que les corps finissent par transpercer. Le dispositif se veut aussi théâtral. À intervalles réguliers, un puis deux commentateurs ou une téléphoniste récite en anglais (non sur-titré) un texte du grand poète anglais Ted Hugues. Comme dans certaines pièces de William Forsythe, le texte est davantage un artefact sonore, qu'un contenu signifiant, dont le sens nous échappe la plupart du temps. La scénographie éclatée par de multiples panneaux mobiles qui font le focus sur des micro-espaces scéniques sert une dramaturgie qui oscille entre images incandescentes, scènes narratives et parties plus physiques. ne renonce pas à quelques accessoires pour accentuer la dimension athlétique des danseurs et exploiter plus profondément l'espace scénique. Des filins (ficelles) en travers de la scène, des crochets sur lesquels les danseurs s'élèvent… sont de belles idées trop fugacement ou insuffisamment exploitées.

Entre les deux, au gré des images convoquées par le chorégraphe, la danse dit la vie : naissance, mort, amour, conflit, célébration… La signification reste obscure jusqu'au bout, comme un film de David Lynch, avec des scènes rêvées ou cauchemardesques, telles que celle qui se déroule dans un hôpital psychiatrique. Sans que l'esprit puisse s'accrocher à grand-chose, l'œil se régale des merveilleux danseurs, au demeurant, qui se sont approprié avec aisance le style virtuose et virevoltant du chorégraphe, avec plus de légèreté peut-être que leurs collègues flamands.

Crédits photographiques : © Camilla Greenwell / Théâtre du Châtelet

 

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