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D’un rêve, le « I have a dream » de Salia Sanou au Châtelet

En un spectacle musical et chorégraphique, a souhaité embrasser les aspirations et les luttes des afro-américains. D'un rêve, en référence au « I have a dream » du pasteur Martin Luther King est une fresque généreuse et vivante, d'où se détachent particulièrement quatre choristes exceptionnelles.

 

Pour bien ancrer son récit impressionniste dans l'histoire des luttes pour les droits civiques des noirs aux États-Unis, met en scène la première partie de D'un rêve au milieu des champs de coton. L'image saisissante d'un groupe compact, levant lentement le bras sur le chant de Sam Cooke « A change is gonna come », chanson emblématique écrite fin 1963 sous l'impulsion du discours de Martin Luther King, ouvre le spectacle, émaillé de textes signés de l'écrivain et du rappeur Capitaine Alexandre.

Alors que des images en noir et blanc des manifestations pacifiques défilent sur l'écran du fond de scène, des chants a cappella s'élèvent, accompagnant la lutte et le travail des champs qui a longtemps été le quotidien harassant des noirs américains. L'austérité de cette première partie est renforcée par l'allure hiératique et les mouvements empêchés des interprètes, aux pieds pris dans les fleurs de coton qui jonchent le plateau.

C'est à Broadway que nous transporte la deuxième partie du spectacle, grâce à des formes lumineuses et colorées qui descendent des cintres. Cette scénographie minimale suffit pour évoquer les cabarets des années 20, comme le Cotton Club, ou les grandes comédies musicales des années 40 à 60. Le goût de la danse éclate alors, avec des interprètes multi-talentueux, dont quatre choristes et huit danseurs, qui accélèrent avec éclat le rythme du spectacle. « Dance, dance, everybody want to dance » est le refrain entraînant qui symbolise cette partie flamboyante et vive.

La troisième et dernière partie du spectacle bascule dans les années 70 et la belle époque des studios Motown. Les quatre exceptionnelles choristes du spectacle donnent alors leur pleine puissance dans des reprises de standards de l'époque, dont le célèbre « Sex machine » de James Brown ou des tubes de Myriam Makeba. La mise en scène offre peu de mise en perspective de ces titres dont le retentissement planétaire et populaire est encore pleinement vivace dans nos mémoires musicales. La présence de musiciens live aurait donné à cette comédie musicale virtuelle plus de chair et d'incarnation, et permis au collectif de danseurs et de chanteuses de faire preuve de lâcher-prise.

Depuis sa création au festival Montpellier Danse en juillet 2021, une plus longue tournée semble nécessaire pour permettre au spectacle de prendre son rythme de croisière et d'effacer la légère distance qui persiste entre le public et les interprètes, freinant un peu l'enthousiasme suscité par ce généreux projet.

Crédits photographiques © Laurent Philippe

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