Suite à un premier volume déjà très remarqué, le Sollazzo Ensemble nous révèle une autre partie de ce précieux manuscrit du XVᵉ siècle dédié à des chansons par divers auteurs de ce temps. L'arrivée d'instruments à vents enjolive harmonieusement un trio de voix masculines.
Pour ce deuxième opus consacré au « Leuven Chansonnier », les musiciens du Sollazzo Ensemble nous proposent douze nouvelles pièces pour la plupart d'auteurs anonymes et d'auteurs clairement identifiés dont Johannes Ockeghem. La présence d'instruments s'inscrit en deux groupes aux couleurs bien distinctes : « L'alta Capella » comprenant deux chalemies (Adrien Reboisson et Patrick Denecker) et une sacqueboute (Rémi Lécorché), « La bassa capella » avec deux luths (Lukas Henning et Jan Van Outryve) et une vilhuela de arco (Filipa Meneses). Un jeu de miroir apparait alors pour illuminer le discours vocal. Les deux groupes instrumentaux s'opposent ou s'allient et se confirment au gré de la musique en une joute efficace qui tient l'auditeur sous le charme. La compréhension de musiques si éloignées de notre temps devient plus évidente. Anna Danilevskaia explique combien elle a découvert grâce aux caractéristiques propres à chaque groupe d'instruments, l'adéquation pour illustrer l'émotion propre à chaque pièce : la contestation incisive et rebelle.
Le livret qui accompagne cet enregistrement offre d'agréables photos du Chansonnier de Louvain. il s'agit d'un recueil de petit format qui tiendrait presque dans la paume de la main, un peu comme les psautiers huguenots qui se voulaient clandestins et facilement dissimulables. Les textes des paroles des chansons sont présentés aux côtés des facsimilés du livre. Rappelons que ce Chansonnier fut découvert en 2015 lors d'une vente aux enchères. Il est riche de 50 compositions du XVᵉ siècle essentiellement constitué de chansons françaises. Ce volume 2 fait appel à trois chanteurs masculins : Andrew Hallock (contre-ténor), Jonathan Alvarado (ténor) et Lior Leibovici (ténor). Le thème principal de ces chansons est celui de l'amour, significatif de cette époque de l'amour courtois. D'autres affects se rajoutent dont l'humour, l'ironie ou la parodie. Le discours peut être concis en une chanson de deux ou trois minutes ou se développer largement en une pièce de dix minutes où les répétitions font partie d'une étrange rhétorique construite sur la forme du rondeau.
Les propositions interprétatives du Sollazzo Ensemble concernant cet ouvrage sont révélatrices de certaines démarches. La question de l'ornementation par exemple ou de certains phrasés qui s'inspirent non pas seulement des périodes passées ou contemporaines à ces écrits, mais aussi à ceux de styles postérieurs paradoxalement très instructifs pour la compréhension de l'ensemble. On ne peut que louer le résultat qui plonge l'auditeur dans un bien être d'écoute lui permettant d'apprécier, voire d'aimer un discours qui semblait perdu. Cette connexion là existe dans ce disque et c'est là sa plus grande réussite.
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