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Vivaldi et Reali en un miroir révélateur avec l’ensemble Le Consort

Confronter Giovanni Reali à permet de mieux situer ce dernier dans son univers musical, sujet aux influences et aux inspirations de la cité vénitienne. Le flamboyant ensemble nous y invite agréablement.

Si la figure musicale d' demeure célébrissime, il n'en est pas tout à fait de même pour son contemporain vénitien . On sait en fait assez peu de choses sur ce compositeur né en 1681, violoniste lui-même et qui laisse à la postérité douze Sonates en trio en 1709 constituées de Caprices et Sonates pour deux violons et basse continue. Ces œuvres sont dédiées à Arcangelo Corelli qui lui rend entre autres un hommage avec le fameux thème de La Folia. Par la suite il publie douze Sonates de chambre qui connaissent un certain succès puisque peu de temps après Estienne Roger les publie à nouveau à Amsterdam.

Que renferme sa musique ? Tout d'abord l'expression d'un langage personnel qui se traduit par un traitement des instruments en trio. Le violoncelle assurant la partie de basse se trouve particulièrement concertant, notamment dans ses variations sur le thème des Folies d'Espagne. On parle pour son discours de la « grâce corellienne » qui s'empare dans des mouvements Grave. Il n'hésite pas à bousculer certaines valeurs rythmiques en passant d'une battue ternaire à une battue binaire révélant une nouvelle Folia. Les tessitures des violons utilisent des notes aiguës jusqu'ici peu rencontrées et des formules de notes répétées qui abondent tout au long de ses œuvres. Reali se situe à la croisée des chemins entre Corelli pour la profondeur et Vivaldi pour sa légendaire spontanéité.

se trouve lui aussi présent dans cette Venise baroque avec, à l'instar de son collègue Reali, un premier opus consacré à douze Sonates en trio paru en 1705. Vivaldi s'affranchit du concept corellien de la sonate en trio dont il est le père, en bousculant l'équilibre des mouvements (lent-vif-lent-vif). Il introduit des titres de danse à certains moments, comme dans une Suite (Prélude, Allemande, Capriccio, Gavotta…). Lui aussi disserte sur La Folia par une série éblouissante de variations des plus intimes aux plus explosives. La comparaison du traitement de ce thème par les deux compositeurs reste des plus passionnantes. L'auditeur est subjugué par autant d'invention avec seulement une écriture à trois voix. La virtuosité si chère à l'auteur voisine avec des passages de grande émotion dans tel andante planant ou telle sonate dédiée au violoncelle où apparait, comme invitée la voix de , deuxième violoncelle.

Le travail autour de ces œuvres vénitiennes est de la part de l'ensemble des plus aboutis. Portés par une prise de son à la fois percutante et caressante, les musiciens nous livrent au travers des textes une joie de vivre sans faille. Les deux dessus, portés par Théotime Langlois de Swarte et désormais grand spécialistes du violon baroque dialoguent en harmonie avec la basse solide du cello d'. Conduisant l'ensemble, depuis ses claviers (clavecin et orgue positif) tisse un subtil continuo donnant au groupe une cohésion et une unité à toute épreuve. Chaque nouvel enregistrement confirme ces qualités que l'auditeur savoure : la fougue de la jeunesse, un art du discours tout à fait magistral et une émotion permanente qui sert de fil conducteur à ces chefs-d'œuvre du passé.

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