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Saint-Saëns par Cyprien Kastaris ou l’art de la transcription

Le pianiste avait créé son propre label Piano 21 en janvier 2001 pour justement enregistrer ce qui lui plaît, quand il lui plaît, aussi bien du répertoire « classique » que des œuvres sortant des sentiers battus, transcriptions, arrangements, paraphrases. Nouvelle illustration avec cette belle parution, quelques mois après les commémorations en 2021 marquant le centenaire de la disparition de .

Katsaris a concocté ce petit coffret en enregistrant des transcriptions pour piano des chefs-d'œuvre du compositeur français : Le Carnaval des animaux, la bacchanale de Samson et Dalila, la Symphonie n° 3 « avec orgue », le Concerto pour piano et orchestre n° 2, la Danse macabre. On trouve également deux pièces pour piano écrites originellement pour l'instrument, et quelques œuvres transcrites plus rares comme Hymne à Victor Hugo op. 69, Africa op. 89, Allegro appassionato op. 70, et la musique pour le film L'assassinat du duc de Guise. Les transcriptions sont dues à Saint-Saëns lui-même et à des pédagogues / compositeurs / interprètes peu ou prou contemporains de ce dernier : Lucien Garban (1877-1959) pour Le Carnaval des animaux, Georges Bizet (1838 1875) pour le concerto, Percy Goetschius (1853-1943) pour la symphonie, Franz Liszt (1811-1886) pour la Danse macabre et Léon Roques (1839-1923) pour L'assassinat du duc de Guise. Dans une partie des œuvres retenues enfin, s'est permis quelques arrangements et ajouts.

L'ensemble des pièces enregistrées suscite une grande curiosité, même si certaines sont bien connues : outre la transcription de la Danse macabre, c'est notamment le cas du Concerto pour piano et orchestre n° 2 déjà enregistré par Nathanaël Gouin chez Mirare. de son côté ne déçoit pas, enthousiasme même par ses facilités digitales, heureusement pas au détriment de la musicalité, et une véritable prouesse dans les pièces écrites pour un instrument soliste et orchestre. Si l'exercice fonctionne particulièrement bien dans le concerto et dans Africa, c'est moins le cas dans la symphonie « avec orgue », le son ayant tendance à saturer dans les passages fortissimo, notamment la dernière partie Maestoso – Allegro. Une réserve par ailleurs à propos de l'intérêt de transcrire au piano Le Carnaval des animaux, comme le fera plus tard Prokofiev avec Pierre et le loup, la grande fantaisie zoologique de Saint-Saëns associe en effet des musiques/instruments à des animaux. Au piano seul, même si l'humour, la légèreté de la pièce demeure, son originalité perd un peu de sa saveur.

Le programme se clôture avec une œuvre, ici au piano, qui est tout simplement la première musique de film de l'histoire du 7e art, en l'occurrence pour L'assassinat du duc de Guise, un film réalisé par André Calmettes et Charles Le Bargy sur un scénario d'Henri Lavedan (1908). Cyprien Katsaris a d'ailleurs eu la bonne idée de proposer en bonus (DVD) ce film muet de dix-sept minutes dans une version restaurée, sur lequel il interprète la partition de Saint-Saëns.

Une parution discographique magnifiquement conçue, réalisée, avec une mention particulière pour le livret, très documenté et élégamment présenté.

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