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O Sidera de l’ensemble Irini, un élan vers le ciel

De l'ordre de l'impalpable, le nouveau disque de l' O Sidera mêle l'Orient et l'Occident avec une profondeur mystique que chaque auditeur percevra au plus profond de soi.

Prêtresses d'Apollon dans la mythologie grecque, la sibylle de Perse, de Lybie, de Delphe, la sibylle cimmérienne, la sibylle de Samos, de Cumes, de l'Hellespont, de Phrigie, la sibylle Agrippa ou encore Europe, prophétisent par le biais des cinq voix harmonieuses a cappella de l' mené par . Musiques médiévales européennes et byzantines s'entremêlent comme une évidence, entre les Prophetia Sibyllarum de où la Sybille est reine, et les pièces liturgiques de Constantinople datant de 1453, soit juste avant l'invasion de la ville par les Ottomans.

L'Art ne devant jamais devenir divertissement selon la directrice musicale de cette proposition discographique, l'approche de cette musique, autant spirituelle, cosmique que métaphysique, est complexe. Pour être partagée et pour que chacun en perçoive la sensibilité et la notion de mystère qu'elle porte, un travail introspectif doit être mené par l'auditeur, bien au-delà des accords de trois sons généralisés d'une apparence simplicité en théorie.

La délicatesse de l'exécution porte avec délectation ces harmonies étranges entendues dès la première piste Carmina chromatico, tout comme cette dispersion des mots et des accents qui tendent le texte en latin au mystère que ces chants déploient en à peine une minute trente. Cette interprétation d'Eulàlia Fantova (mezzo-soprano), Julie Azoulay (contralto), Benoît-Joseph Meier (ténor), Guglielmo Buonsanti et Alessandro Ravasio (basses), semble minutieusement sculptée, ou abordé telle une modélisation mathématique savante.

Dans la musique byzantine chantée en grec, un tel raisonnement n'est plus de mise au regard des litanies de Cheruvikon où chantent les Chérubins, des chants mariales Agni Parthene et de l'Acathiste, où de l'exaltation de Polyeleos. Avec ces airs liturgiques, le temps se rallonge pour une transe spirituelle vibrante qui ne passe plus par les mots. On aurait aimé que le travail d'arrangements de soit mieux mis en lumière dans la notice par des explications précises, alors que la singularité de cette proposition musicale réside particulièrement dans cette démarche, bien au-delà des répertoires peu ou pas connus qu'un bon nombre d'ensembles de musiques anciennes revendiquent généralement.

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