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Der Vampyr de Marschner revient à Hanovre

Repris au Staatsoper Hannover dans une nouvelle production d', Der Vampyr d'Heinrich Marschner tient par une équipe musicale homogène portée par la direction du directeur musical, .

Créé en 1828 à Leipzig, Der Vampyr de Marschner est immédiatement repris à Hanovre, où il réapparaît cette saison dans une nouvelle production d'. Difficile de prédire aujourd'hui comment les travaux de l'un des artistes les plus intéressants du moment vieilliront, et comment il saura se départir de costumes de monstres utilisés pour presque toutes ses mises en scène, théâtrales comme lyriques. En tous cas, après Der Silbersee de Kurt Weill en septembre au Vlaanderen Opera puis Antikrist de Langgaard en janvier au Deutsche Oper Berlin, Mondtag continue sur sa lancée avec une lecture radicale du livret fantastique de l'opéra romantique le plus influent pour Wagner, retouché puis dirigé par lui dès 1833 à Würzburg.

Intégrée à la ville de Basse-Saxe pour laquelle elle est créée, cette lecture débute sur un magnifique décor de Simon Lesemann, les vestiges de la synagogue d'Hanovre au lendemain de la Nuit de cristal de 1938. Mais heureusement, Mondtag nous évite le trop récurrent parallèle vampires/nazis trop souvent repris depuis, pour intégrer immédiatement son propre univers au livret. On retrouve donc les costumes heroic fantasy, cette fois dessiné par Josa Marx et qui font la marque des productions du jeune metteur en scène allemand, avec un rôle-titre en strass associé à des seconds rôles évocateurs : George porte les habits blancs d'un Christ perdu parmi un peuple en noir dont le chef, Sir Humphrey, ressemble à un émir.


La dramaturgie de Julia Huebner et Till Briegleb s'accordent à la modernité voulue par la proposition, dont les dialogues ont été retouchés par Briegleb, avec notamment l'apport des frasques de Lord Byron, ici rock-star gay dont la tenue évoque Elton John et dont un aparté pop se montre totalement réussi. Arrivé en urgence de Munich, remplace Benny Claessens covidé et entre parfaitement dans le personnage, bien qu'il doive tenir son texte en main. convoque également à nouveau la nudité de Jonas Grundner-Culemann, déjà vu dans le même appareil à Anvers et Berlin et à présent utilisé pour le court rôle d'Ashaver. utilise son chant plein de basse géorgienne pour Sir Humphrey, soucieux du bonheur de sa fille, Malwina de bien en voix bien qu'un peu courte à l'aigu.

Trop vite passée sous les canines de Lord Ruthven, Janthe de tient son air d'une belle ligne au premier tableau, seulement surpassée par l'Emmy pulpeuse et lyrique de , superbe de tenue pour sa ballade inspiratrice de celle de Senta à l'acte II. campe un Edgar énergique et bien timbré pour développer toutes les nuances de sa partition et combattre par le doute puis par la force le vampire Ruthven. Là encore inspirateur du Hollandais de Wagner, ce dernier est campé d'une voix de baryton bien projetée par , ample dès son monologue initial et seulement moins marquant pour le rôle que Bastiaan Everink ces dernières années à Koblenz.


Déjà accompagnateur des productions précités, sait à présent tirer toute la sève d'un chœur maison parfaitement préparé par Lorenzo Da Rio et d'un dont ressort tout particulièrement la compacité des cordes. Toujours ajusté au plateau, tant pour les grandes scènes et grands airs de l'opéra proposé dans l'excellente édition critique d'Egon Voss, qu'en soutient plus discret aux textes parlées, le directeur musical des lieux exploite complètement sa machine orchestrale, sonore dans la belle acoustique saxonne et juste desservie par un public trop disséminé lors de cette représentation d'un spectacle créé seulement un mois plus tôt.

Crédits photographiques : © Sandra Then

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