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Les performances énergiques et grimaçantes de Marie Chouinard au Théâtre de la Ville

présente vingt-quatre miniatures chorégraphiques, de une à dix minutes chacune, portées par onze interprètes dévoués pour une soirée électrique et grimaçante.

Une femme entre sur un rectangle de scène entouré de tapis bleus, comme on entre sur un ring. La danseuse araignée, à la gestuelle proche d'un insecte, donne corps à plusieurs pièces du compositeur . Proche de la musique de Steve Reich ou John Cage, les rythmes entêtants donnent naissance à un mélange de flamenco, non sans rappeler la danse d'Israel Galván, et à la monstration d'une quête de liberté à la Isadora Duncan.

Dans toutes les pièces, proches de la performance, se pose la question du désir comme source de vitalité. Reprenant le « persévérer dans son être » spinoziste, les danseurs s'engagent avec force dans chacune des propositions. La danse, comme matière et sujet de réflexion, se décline et se travaille tout au long de la soirée.

Un duo marque particulièrement. La danseuse, comme l'incarnation de la danse, sa métonymie de chair, cherche à s'émanciper d'un homme qu'elle désire cependant. Tel le cygne de Mallarmé, pris dans la glace et dont l'envol est nié, ce sont tous les canons de la danse classique qui s'ébattent et cherchent une échappatoire. Dans un autre duo, l'interprète souffre avec ferveur aux rythmes corporels pops, rocks ou classiques.

Cette recherche d'un autre mouvement se niche parfois dans les détails. Quatre mains sont filmées et offrent une chorégraphie sensuelle. Le dispositif rappelle le Machination d'Aperghis vu en 2000 au Centre Pompidou. Le même dispositif filme un visage « pâte à modeler » déformé par les mains de l'interprète. Les peintures grimaçantes de Jean-Jacques Leuqueu ou certaines peintures flamandes du XVIᵉ siècle ne sont pas loin dans ce catalogue protéiforme.

Le corps en mouvement se cherche aussi par ce qui entre et sort de ce dernier. Une clochette le traverse, donnant naissance à un agréable lazzi, invitant la commedia dell'arte dans l'arsenal scénique catalyseur de mouvement. Il y a comme une recherche didactique de l'essence du mouvement chez , une enquête sur la forme et le moteur du corps, portée par une vitalité toute bergsonienne. Sous ces dehors de cabaret pour initiés, Radicale Vitalité invite aussi bien au questionnement qu'à l'agacement, la salle ayant apparemment trouvé ce soir-là matière à divertissement.

Crédit photographique : © Sylvie-Ann Paré

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