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Les fétiches familiers de Tomás Bordalejo

Du solo au petit ensemble, sept pièces, dont certaines en création discographique, sont réunies dans ce premier CD monographique du compositeur argentin .

Zapping 2 (le 1 était pour quatuor à cordes) est la pièce la plus ancienne (2013) du CD, commande de la Fondation d'entreprise Banque Populaire qui a soutenu le jeune compositeur à ses débuts. Comme son titre l'indique, l'enjeu est de passer d'une image à l'autre en jouant sur les contrastes et les relais instrumentaux dans une certaine jubilation des lignes rehaussées par les couleurs de la percussion. Dans cet espace toujours animé s'amorce un rythme de danse (Milonga ?) qui lorgne vers les origines du compositeur. S'il avoue être impressionné par le piano et la richesse de son répertoire, trois pièces pour l'instrument soliste figurent dans l'enregistrement, invitant au clavier l'excellent . À Cercles (2014), s'en tenant aux seules ressources des touches du piano, on préfère la séduisante Baguala (une danse d'origine andine), plus aventureuse et inattendue, avec ses changements impromptus et la légèreté de ses traits. Dans Canto, création discographique, le piano est préparé dans le registre aigu ; Bordalejo joue avec les variations du spectre sonore, entre accords de couleurs et mouvements fluides où s'entend l'influence de Debussy. Autre création discographique, Le double I et II réunit les percussionnistes Quentin Dubreuil et Gaspar José. sélectionne finement ses matières à percuter (variété des claviers de bois et des métaux résonnants), confirmant ses talents de coloriste. Subtil également, ce son « frisé » (dans le II) sur les lames du métallophone qui donne un charme particulier à la résonance.

L'accordéon de se marie au violon de dans Pour Rita, sorte de voyage dans le son jouant sur l'ambiguïté des sources et la friction sensuelle des deux sonorités qui s'enrichissent l'une l'autre, dans une temporalité toujours très étirée.

On retrouve seule « en scène » dans Fétiches, qui donne son titre à l'album, œuvre attachante autant qu'éblouissante sous le geste énergétique de la violoniste. Ce sont cinq miniatures au format des Alla breve/Création mondiale de France Musique. Leurs cinq titres (L'énergique, L'épaisseur, La scherzando, La lyrique, L'étincelante) sont autant de portraits sonores à la François Couperin.Tour à tour conquérant, flamboyant, ricochant, cinétique, virevoltant – L'étincelante est particulièrement virtuose – l'archet de dessine les contours et peaufine les sonorités de ces cinq fétiches exerçant sur l'auditeur leur secret pouvoir de fascination.

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