Pour son premier enregistrement, le jeune ensemble La Fenice aVenire nous offre ici, sous la houlette de Jean Tubéry, un florilège de musiques mariales à travers l'Italie du XVIIᵉ siècle.
Construit autour de la prière du Rosaire, le programme évoque les cinq Mystères glorieux : Résurrection, Ascension, Pentecôte, Assomption et Couronnement de la Vierge. Restituant l'esprit d'un office de la fête du Rosaire, ces musiques font alterner pièces vocales et instrumentales du Seicento italien. Introduit par une antienne en plain-chant, chaque Mystère est illustré par un motet vocal et par une pièce instrumentale, sonate ou toccata pour orgue. Encadrés par des sonneries de cloches, Introitus et Capitulum célèbrent la solennité du jour par des musiques de fête. Particulièrement représentative de la dévotion mariale, la Sonata sopra Sancta Maria d'Arcangelo Crotti offre un enchevêtrement savant entre les volutes des diminutions du cornet et la voix qui reprend en boucle l'oraison à la Vierge.
Ensemble d'excellence au service de la musique baroque italienne, La Fenice fêtait ses trente ans d'existence en 2020. Son chef et fondateur, le cornettiste Jean Tubéry, ouvre la voie à un nouvel ensemble, satellite du premier, La Fenice aVenire, où il accueille de jeunes talents croisés dans les conservatoires supérieurs et les académies où il enseigne. Cet enregistrement est le premier opus de ce jeune ensemble qui réunit six instrumentistes autour de la soprano déjà expérimentée Kristen Witmer et de Jean Tubéry lui-même au cornet. On se dit, à l'écoute de cette interprétation lumineuse, que la relève est assurée. La voix souple et bien timbrée de la chanteuse est parfaite dans ce répertoire et se mêle avec bonheur aux arabesques des cornets. L'équilibre entre voix, cornets et violons est remarquable, et la cornettiste Sarah Dubus dialogue à armes égales avec celui qui fut son professeur, Jean Tubéry. On retrouve la même éloquence lorsqu'ils changent le cornet pour la flûte à bec dans une Canzon de Riccio. Les pièces d'orgue sont jouées par Mathieu Valfré sur l'orgue italien construit à Pranzac par Bernard Boulay en 2011.
Ce programme admirablement construit est servi par une très belle présentation du livret sous forme d'un véritable livre richement illustré, où l'on lira avec intérêt un rappel historique signé par Jean Tubéry qui resitue ces musiques dans le contexte de l'époque. Des reproductions de magnifiques tableaux et des portraits photographiques de qualité contribuent à faire de ce premier opus du label Labella Fenice un très bel objet. Une fête pour tous les sens.