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Nicolas Alstaedt s’attaque au redoutable concerto de Salonen

Il est heureux qu'une partition aussi récente que le vaste Concerto pour violoncelle d'Esa Pekka Salonen créé en 2017 bénéficie déjà d'un autre enregistrement que celui du compositeur accompagnant le dédicataire Yo Yo Ma. 

Au programme également de cet enregistrement, la Sonate pour violon et violoncelle de Ravel. Curieux couplage : assez incongru et très bref !

Le Concerto pour violoncelle de Salonen a été créé en 2017 par le chef compositeur et son dédicataire, le grand Yo Yo Ma, avec le Chicago Symphony. Les deux artistes l'ont d'ailleurs enregistré peu après, mais avec le Los Angeles Philharmonic (Sony). C'est une page de grandes dimensions (près de quarante minutes) d'une forme classique en trois mouvements mais d'une écriture très élaborée, mettant en valeur la virtuosité comme les possibilités de timbres de l'instrument. L'œuvre est bien représentative du style volontiers composite de Salonen, en particulier dans le spectaculaire finale, l'orchestration est chargée mais évidemment très virtuose. Nicolas Alstaedt qui a eu le privilège de jouer ce concerto avec son auteur est ici entouré par l' capté en concert. S'il n'égale pas tout à fait la formidable plasticité du Los Angeles Philharmonic dirigé par le maître lui-même, il offre cependant une heureuse alternative pour une partition destinée à devenir un classique du XXIᵉ siècle, avec une prestation pleinement satisfaisante.

On aurait aimé l'entendre associée à un autre grand concerto encore récent comme celui de Dutilleux mais le violoncelliste a préféré nous proposer la Sonate de Ravel (1920) que rien ne rapproche esthétiquement du Concerto de Salonen, en compagnie du violoniste finlandais . Le résultat est d'une austérité qui rend cette page, l'une des moins immédiatement séduisantes de Ravel, plutôt intimidante, à l'opposé exact de l'excès de lyrisme du récent enregistrement de Kopatchinskaja et Gabetta pour le même éditeur. On regrette qu'Alstaedt, partenaire de musique de chambre de Vilde Frang et Bartabas Kelemen n'ait pas privilégié un de ces violonistes tant cette version se révèle d'une sévérité presque rebutante. Un disque intéressant mais à classer à Salonen plus qu'à Ravel.

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