La compagnie acrobatique XY, étoile montante du cirque contemporain, a sollicité le chorégraphe Rachid Ouramdane pour l'accompagner dans sa nouvelle création, Möbius. Entre ciel et terre, ce spectacle pour dix-neuf interprètes fait une escale de dix jours à Chaillot, qui s'achève les 17 et 18 septembre par un week-end carte blanche.
Dans un spectacle acrobatique, il y a les costauds, ces porteurs qui forment la base des colonnes d'équilibristes, et les voltigeurs, petits et menus, suffisamment légers pour se hisser au sommet. Les moyennement forts font le lien entre les deux, réunissant les uns et allégeant le poids des autres. On a besoin de chacun d'entre eux dans Möbius, la nouvelle création de la compagnie XY réalisé en collaboration avec Rachid Ouramdane, directeur de Chaillot – Théâtre national de la danse.
Möbius offre toutes les sensations et réunit toutes les promesses du spectacle vivant. Dans une première séquence contemplative et presque mystique, le spectacle ouvre la voie par ses constructions savantes et ses envols frissonnants à une profonde méditation à laquelle le subtil travail de lumière et la musique contribuent. Façonnant comme une pâte malléable les groupes d'interprètes, la mise en scène joue avec les ensembles et isole quelques individualités.
Plus audacieuse, la deuxième séquence joue avec nos nerfs et fait naître des frissons et des émotions contrôlées. La maîtrise du geste, l'attention à l'autre sont les fondements de cette solidarité des corps. Sans cesse, le groupe se recompose pour assurer les réceptions ou le rappel en cas de chute, faciliter l'escalade jusqu'au sommet, consolider les compositions des pyramides humaines.
De l'envol, les corps passent à la chute, abandonnant certaines de leurs résistances. Le chorégraphe Rachid Ouramdane est passé par là, les bousculant dans leurs certitudes, leur permettant de devenir des danseurs quand ils courent, roulent ou s'étendent à terre. C'est émouvant et poétique…
Alternant des séquences lentes et plus toniques, le spectacle ménage des moments de tension et de pause, prenant le temps de construire des pyramides complexes, donnant, grâce à la danse qui saisit les corps, un élan qui porte. Débarrassée de tout folklore circassien, la compagnie XY n'a besoin d'aucun artifice ni accessoire pour se livrer à une performance physique et plastique éblouissante.