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Retour fracassant de Room with a View au Châtelet

Interrompu par le premier confinement, en mars 2020, Room with a View revient au Théâtre du Châtelet plus de deux ans après sa création. , producteur et compositeur de musique électronique, avait alors choisi le collectif (La)Horde, qui dirige le CCN-Ballet de Marseille, pour l'accompagner dans ce projet hors norme qui a remporté un immense succès.

Une grotte taillée dans la pierre calcaire d'un monument, temple en déconstruction qui sert d'abri, de cache, à ce qui semble un groupe de survivants post apocalyptiques, se dresse sur le plateau du Théâtre du Châtelet. Room with a view pratique une écriture du désastre qui évoque la fin du monde sur fond de musique planante. Fornication, violence, méfiance et animosité, la vie de ces survivants n'est pas de tout repos. La dimension dramatique du propos est accentuée par la monumentalité du décor, surtout quand celui-ci s'effondre, faisant écho au geste révolutionnaire des héros nus, aux poings levés.

Dans la deuxième partie, le producteur et compositeur qui fait face aux spectateurs derrière ses platines lance les hostilités avec un set hypnotique. « Que la fête commence », semble dire un danseur aux cheveux blanc albinos qui conduit ses congénères comme le joueur de flûte de Hamelin. Le style chorégraphique des danseurs du Ballet de Marseille alterne entre une danse acrobatique faite de portés et de levées spectaculaires et une dimension plus lente et contemplative qui s'apparente au tableau vivant.

La dynamique de groupe et l'adrénaline contribuent à démultiplier l'énergie dont la musique est un support essentiel, tandis que le stylisme des coiffures et des costumes, qui emprunte à Mad Max et aux comics Marvel, nous projette dans un univers de super héros d'anticipation.

se rapproche encore physiquement du bord du plateau dans la troisième partie, alors que les danseurs se dispersent aux quatre coins du décor, sur les ruines, pour se lancer dans une bacchanale qui les prépare à accueillir la dimension sacrée d'un être (ou d'un objet) extérieur, devenu l'ennemi contre lequel cette communauté se révolte. On ne verra pas cet ennemi, uniquement symbolisé par des flashs lumineux.

Cette expression guerrière chorale de la communauté se manifeste alors dans ce qui est devenu le « tube » du spectacle : une partition chorégraphique très rythmée, véritable condensé de la culture club, d'une efficacité redoutable et fascinante, à la manière d'un haka néo-zélandais primal, version « beat per minute » (bpm), avant de s'apaiser dans un final dont la note d'espoir est symbolisée par un chœur a capella. Un spectacle auquel le public debout du Châtelet fait un triomphe.

Crédits photographiques : Théâtre du Châtelet © Aude Arago, Cyril Moreau, Thomas Amouroux

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