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Une sève nouvelle pour le Sacre de Pina

Confié par le à l'École des Sables fondée par , Le Sacre du Printemps de trouve une sève nouvelle dans cette interprétation juvénile. Pour compléter cette soirée, la chorégraphe béninoise et la danseuse se livrent dans un duo touchant.

Les jeunes filles et les jeunes hommes élèves de l'École des sables, créée en 2004 au Sénégal par et son mari Helmut Vogt, n'ont pas encore le vécu de leurs aînés, danseurs professionnels. Mais ils ont, d'une certaine manière, l'âge des rôles proposés dans ce Sacre du Printemps désormais mythique, imaginé en 1975 par avec Rolf Borzik et Hans Pop sur la musique d'Igor Stravinsky bâtie autour des rites anciens. Cette nouvelle interprétation par de très jeunes gens d'un autre continent rend le thème du sacrifice communautaire de l'élue encore plus universel.

Avec leurs corps différents, la puissance et l'innocence de leur regard sur la danse, ces jeunes interprètes du continent africain nous bouleversent d'émotions. Se confondant avec la terre qui jonche le plateau, leurs robes trempées de sueur, ils surgissent avec force dans les séquences de groupe, où la chorégraphie de demeure intacte.
Les solis sont peut-être plus difficiles à incarner et le mouvement est parfois moins technique ou moins précis pour ces danseurs en formation, qui n'ont pas encore assez traversé d'états de corps pour illustrer la peur, la souffrance ou l'espoir. Dans le regard inquiet des jeunes filles et la masculinité naissante des jeunes hommes, on pense cependant aux jeunes lycéennes kidnappées par Boko Haram. Comme dans les Noces, du même Igor Stravinsky, le thème du rapt et du viol est aussi prégnant dans cette version du Sacre du Printemps.


Pour compléter cette soirée exceptionnelle, , fondatrice de l'École des sables, et , ex-danseuse de Pina Bausch proposent un duo intitulé Common Ground(s). Elles y livrent leurs souvenirs de danseuse ou de mère, dans un double portrait de femmes, nocturne et contemplatif. Comme les vieilles femmes dans les villages du Sénégal, elles palabrent et s'assoient sur un petit tabouret, munies d'un long bâton avec à leurs pieds une bassine d'eau et quelques cailloux. Il manque à ce duo un regard extérieur, capable de transformer l'extraordinaire vécu de ces deux femmes en matériau chorégraphique. En effet, le spectacle s'achève alors qu'il semble seulement commencer, sans direction ni intention sensible.

Crédits photographiques : © Marteen van den Abeele

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