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Andreï Boreïko somptueux à la tête du Philharmonique de Varsovie dans André Tchaikowsky et Giya Kancheli

Le label CD Accord nous invite à découvrir deux œuvres inédites du plus haut intérêt grâce à des interprétations superlatives de musiques du Polonais Tchaikowsky décédé en 1982 et du Géorgien disparu en octobre 2019.

Conscient d'être parvenu au terme d'une longue et riche existence humaine et créatrice, compose un adieu déchirant avec son Libera me qu'il accompagne du qualificatif de Quasi-Requiem. Pour ce faire, il évite le texte latin traditionnel au profit de poèmes de deux auteurs géorgiens majeurs, Galaktion Tabidze et Vazha-Pshavela qu'il embellit de ses notes ensorcelantes et incantatoires. Les instruments solistes de l', émouvants, éthérés ou virils habillent le chant délicat et homogène du remarquable chœur d'hommes. On découvre rapidement combien cette musique des sphères porte un regard sur l'au-delà qui ne laisse pas d'émouvoir l'auditeur. Les phrases instrumentales courtes, les traits itératifs confiés aux cloches, les interventions du violon dans l'aigu, les sections assurées par la guitare acoustique, les éclats contenus du gong amplifient les atmosphères méditatives, à plusieurs reprises accentuées par l'irruption de fortissimos dramatiques mais prégnants, bien connus du compositeur Kancheli que d'aucuns rangent parmi les plus authentiques créateurs de notre temps. Une voix de soprano apparaît à 13'54 (la partition dure 27'30), venant enrichir la palette expressive de l'auteur prêt à quitter ce monde admiré et dénoncé à la fois. fait merveille avec son timbre chaleureux et grave, sa richesse expressive et sa musicalité. Le compositeur géorgien décédé il y a bientôt trois ans, magicien des sonorités pénétrantes et de l'expression des sentiments véridiques nous livre un émouvant témoignage d'acception de la destinée humaine. Cet enregistrement exceptionnel d'engagement et de communion avec l'homme et sa musique, d'une humanité exemplaire, marque une étape précieuse avec cette œuvre récemment découverte. Le travail du chef russo-polonais, ami et grand défenseur de fera date mais demeure actuellement sans concurrence.

Dans un registre très différent, Boreyko dirige un Concerto Classico pour violon et orchestre du compositeur polonais , juif qui échappa de peu à la mort et au ghetto de Varsovie sous la terreur nazie. Pianiste virtuose, il choisit la composition et demeura actif sans avoir le loisir de raciner. Écrit en trois mouvements au climat tonique et dynamique, le Concerto reçoit une exécution impeccable sous les doigts du violoniste , en particulier dans les mouvements vifs extrêmes, Allegretto et Allegro deciso. Le Concerto porte sans exubérance excessive les marques des échappées tourmentées et effrénées qui pour autant ne masquent pas une mélancolie sous-jacente dénuée de pathos, plus exposée dans le mouvement lent central noté Adagio. On repère des influences venant de Berg, Bartók et Chostakovitch.

Deux œuvres fort distinctes, en création mondiale, décortiquées et glorifiées par un chef merveilleux et un très convaincant. Captivant !

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