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IMAGO-GO, un défilé de majorettes décalé mais décousu

À l'issue de trois évènements programmés au Parvis, à Tarbes, la chorégraphe espagnole présentait sa création de 2018, construite autour de la figure archétypale de la majorette américaine.

IMAGO-GO est le premier volet d'un triptyque formé du spectacle Guérillères, créé en 2021 et présenté quelques jours plus tôt dans la même salle, et dont ROLL doit constituer la troisième partie en 2024. Dans une volonté d'appréhender la complexité qui se cache derrière certains stéréotypes féminins mis en avant par la culture populaire, la chorégraphe madrilène basée à Toulouse a décidé de s'emparer de la figure de la majorette, pour la faire sienne une fois extraite de son contexte géographique et culturel.

La mise en condition commence dès le placement du public, avec pour fond sonore des voix résonnantes et le frottement aigu de baskets captés lors d'un entraînement dans un gymnase. La scène révèle d'ailleurs déjà un tapis de danse blanc qui s'apparente davantage à un revêtement de salle de sport qu'à un plateau de salle de spectacle, avec ses lignes fluo multicolores qui se croisent à la manière d'un terrain de basket ou de volley, ses bancs et ses cubes aux teintes pastel assorties, le tout enfermé entre trois grands rideaux noirs, supprimant les coulisses.

Quatre danseurs entrent en marchant au pas, les genoux bien levés et en parfaite synchronisation. Commence alors une véritable parade faite d'une succession de déplacements en ligne, de changements d'orientation, de croisements, de canon, d'unissons et de solos qui se suivent et investissent l'ensemble de l'espace. Les bras des quatre figures rarement statiques et vêtues de t-shirts pastel, d'une jupe courte rose pâle et de hautes chaussettes blanches, dessinent des angles et des tracés clairs. Il convient après tout de sublimer fièrement la présence de l'indispensable bâton de majorette argenté !

L'expressivité des interprètes dessine rapidement des personnalités distinctes, qui peu à peu donnent vie à une sorte de récit absurde, à la fois drôle et dramatique, basé sur une montée en crescendo de l'exagération. Les diverses interactions entre les personnages permettent de progressivement définir le statut de chacun dans le groupe, et par extension, d'identifier les dysfonctionnements de ce dernier. On remarquera donc que l'une des danseuses se retrouve malgré elle à exécuter l'essentiel des tâches ingrates, tandis que l'un des danseurs semble parfois faire subir ses excentricités à ses trois compagnons.

IMAGO-GO se construit en deux grandes parties qui tranchent l'une avec l'autre, notamment en troquant un éclairage blanc et uniforme pour du rouge ou du violet agrémenté de douches, ou en passant d'un montage musical rythmé, varié et quasi épileptique à un enchaînement fluide de morceaux au tempo lent. Néanmoins, bien que la première partie soit très prometteuse et savamment écrite d'un point de vue chorégraphique et narratif, la pièce tend à se prendre les pieds dans ses propres éléments dans sa deuxième moitié. En effet, si a soigneusement pris le temps d'exposer ses personnages et l'archétype sur lequel elle travaille, elle finit malheureusement par tomber dans des clichés de mise en scène et par céder à des facilités humoristiques, si bien que l'on ne devient plus très sûr du degré parodique de certains passages ni de la teneur et de la conclusion du propos.

Crédit photographique : © Mila Ercoli

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