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Aux Musicales de Compesières, François-Frédéric Guy amaigrit Mozart et Beethoven

Pour sa 16ᵉ édition, Les Musicales de Compesières se sont appuyées sur la présence pluriannuelle de l' et de son nouveau directeur artistique, le pianiste .


Tournant le dos au public, dirige de son piano l'. Les douze éléments de l'ensemble de cordes entourent, comme une couronne, le piano entièrement découvert de leur maître à jouer. Pour le spécialiste du joué-dirigé qu'il pratique depuis de nombreuses années, cette disposition offre une belle image du point de vue strictement visuel. De plus, elle est efficace en lui permettant d'avoir les musiciens sous les yeux. Sauf que, du point de vue musical, le compte n'y est pas. En effet, dans l'environnement très réverbérant de l'église de Compesières, les notes du piano éclatent au-dessus des cordes qui, à leur tour, sonnent acides dès qu'on touche les forte des registres aigus. Peut-être avec un piano et son ouverture de couvercle en direction du public eût-on mieux apprécié le son de l'interprète. Aussi, avec des cordes regroupées plutôt qu'éparpillées autour du piano, aurait-on pu goûter le véritable son de l'. Au lieu de cela, l'omniprésence sonore du piano, la réverbération du lieu donnant l'impression que joue constamment de la pédale, font que les musiques de Mozart et de Beethoven s'en trouvent pénalisées.

Dans ce programme comportant des tubes connus de tous, on serait en droit d'attendre qu'un soliste de la notoriété de François-Frédéric Guy y apporte une touche personnelle remarquable. Certes, la performance de son joué-dirigé est à noter mais, lorsqu'elle amaigrit la portée de l'œuvre par un désir un peu narcissique, on ne peut qu'être dubitatif quant à la démarche musicale du pianiste-chef d'orchestre.

Dès le premières notes du Rondo en ré majeur KV 382 pour piano et orchestre de Mozart, on ressent un léger flottement qu'on attribue au trac. Non pas qu'il y ait des décalages entre les pupitres et le soliste, mais probablement parce que dans le désir de trop bien faire le travail, il n'y a plus assez de place pour l'interprétation. Quand s'élève le célébrissime Concerto pour piano et orchestre en ré mineur n° 20 KV 466 du même Mozart, on se dit que la transcription de M. , pour intelligente qu'elle est, laisse loin derrière elle la partition originale avec ses bois et ses cuivres sans parler des timbales. François-Frédéric Guy a beau s'agiter de la tête et des bras, battre son clavier pour tirer son ensemble, ce dernier manque résolument de volume sonore pour habiter cette œuvre. Tout cela manque d'articulation et de rondeur. La sublime Romance est jouée proprement, les notes du piano s'alignent les unes derrières les autres mais sans que l'essence même de la musique, l'émotion, ne surgisse. Dans l'Allegro vivace assai final, on retrouve l'agitation du début avec cette incapacité d'avoir une note d'apaisement musical dans l'expression d'un son d'ensemble.

François-Frédéric Guy étant reconnu comme spécialiste de la musique de , on reste intéressé par l'interprétation qu'il donne du Concerto n° 4 en sol majeur pour piano et orchestre dans la transcription pour piano et cordes de . Certes plus respectueuse de l'esprit beethovénien que la précédente transcription, son interprétation, chargée de tous les inconvénients de l'acoustique de cette église, nous apparaît encore plus problématique du côté musical. Si l'Andante est apaisé et apaisant, les cordes accompagnant dans le registre grave un piano enfin respirant, le Rondo final retombe dans les travers majeurs de ce concert.

Crédits photographiques : © Claire Haugrel

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