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Vox Luminis et le Freiburger Barockorchester à Berlin

Kuhnau et Bach en regard pour une remarquable démonstration instrumentale et chorale.

Outre sa ville natale, le réalise des séries d'abonnement à Munich, Stuttgart et Berlin, qui lui permettent de faire tourner les programmes qu'il met sur pied ; c'est particulièrement heureux pour celui-ci, pour l'intérêt de la juxtaposition entre le Magnificat de Bach et celui de son prédécesseur immédiat à Leipzig , mais aussi parce qu'il s'adjoint un chœur d'exception, l'ensemble , dont le directeur assure la direction d'ensemble de la soirée aux côtés du premier violon Péter Barczi. Chaque chanteur ou presque apparaît non seulement dans l'ensemble, mais aussi comme soliste : il ne peut être question de faire un palmarès des grandes et moins grandes réussites de ce double exercice, mais le niveau moyen des solistes est suffisamment remarquable pour justifier ce choix, beaucoup plus qu'avec le Monteverdi Choir de John Eliot Gardiner par exemple, en termes de simple qualité vocale, mais surtout d'investissement expressif.

Le concert s'ouvre avec la cantate de Noël Uns ist ein Kind geboren, longtemps attribué à Bach (BWV 142), mais désormais plutôt à Kuhnau, sans certitude définitive : peu importe l'attribution, finalement, la richesse sonore d'une instrumentation réduite est remarquable, et les deux flûtes à bec en dialogue pour accompagner la voix du contre-ténor livrent un grand moment de poésie sonore. Les deux Magnificat qui suivent reviennent en arrière dans le récit évangélique, au moment de la Visitation, mais c'est de musique et non de liturgie qu'il est question ; l'orchestre s'enrichit de trompettes naturelles et de timbales – sans flûtes à bec chez Kuhnau, avec elles chez Bach. Kuhnau n'est pas le plus brillant des musiciens protestants des générations précédant Bach, mais son Magnificat séduit avant tout par son expressivité. Dans le Magnificat de Bach, les deux insertions chorales de la version de 1723 conservés par font partie des plus beaux moments de plénitude chorale qu'on ait entendus.

La Kammermusiksaal, sœur mal-aimée de la Philharmonie voisine, trouve pour une fois un programme à sa taille, parfait pour l'acoustique de la salle qui donne cette fois une impression de plénitude et une remarquable clarté aux merveilles polyphonistes de la partition. Ni l'orchestre ni le chœur ne sont coutumiers de ces partis-pris extrêmes qui font parler, ni solennités empesées, ni suractivité vitaminée ; l'équilibre ne paraît peut-être pas la plus excitante des qualités, mais il s'accompagne d'un travail constant de coloration du son, la limpidité du dialogue des voix du chœur répondant à la haute qualité des solistes et de l'ensemble de l'orchestre.

Crédits photographiques : © Tom Blaton

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