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L’Ensemble Diderot en voyage, avec Bach et ses contemporains

L'idée de d'un thème commun, celui des concertos faits pour voyager, est intéressante. Elle permet surtout de découvrir des pièces de qualité, comme celles d'Heinichen, Pisendel, Kress, et Durant.

Dans son excellent texte de présentation, le directeur de l' , explique bien que le « road concerto » ne fait pas un genre à part entière. Il n'empêche que certains concertos du début du XVIIIᵉ siècle présentent bien des caractéristiques communes, compatibles avec un développement des échanges de musique, de musiciens et d'instruments dû à des communications plus faciles entre villes et cours princières. Ainsi, le fait de flatter l'oreille du public de telle région où tel compositeur jouit d'une faveur particulière, ou alors des parties particulièrement brillantes pour le soliste qui voyage, avec des accompagnements plus faciles pour les orchestres locaux, ou enfin la capacité d'une œuvre à s'adapter à un effectif variable de l'orchestre, tout cela serait des signes de composition ou d'adaptation faites pour le voyage. Le cinquième Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach dans sa version première correspondrait bien à ces « Travel concertos », selon , avec une partie complexe de clavecin pour le maître JSB, et un accompagnement orchestral de « violino grosso » beaucoup plus simple.

L' donne de ce Concerto Brandebourgeois n° 5 une lecture pleine de vivacité, d'une grande justesse et bien équilibrée, chaque partie étant assurée par un seul instrumentiste. Mais si l'effectif réduit favorise la transparence, il expose aussi chaque instrument, et il faut bien noter une certaine sécheresse de son chez le luth et le violoncelle. au clavecin et impressionnent particulièrement par leur virtuosité. Avec , le « Concerto con molti instrumenti » devient un feu d'artifice aux accents vivaldiens, chaque instrument ayant ses moments personnels de virtuosité.

L'intérêt véritable de ce disque repose en la découverte d'œuvres enregistrées ici pour la première fois, découvertes par Pramsholer dans diverses bibliothèques d'Europe, et qui font très bonne figure entre Bach et Heinichen. C'est surtout qui impressionne, avec une rigueur d'écriture et une inventivité mélodique remarquables. Ses mouvements lents sont d'une grande beauté, et porteurs d'une certaine mélancolie savante qui semble préfigurer l'Empfindsamkeit à venir. De , nous avons ici un concerto pour violon, très beau, voire éclatant (Johannes Pramsohler est avant tout un excellent violoniste), mais dépourvu de ce pouvoir de fascination trouvé chez Heinichen, Pisendel et bien sûr, chez Bach lui-même. Toujours au rayon des découvertes, voici encore et son Concerto en do majeur, écrit pour la saison de chasse de la cour de Bayreuth. Le style est certes galant, mais derrière son apparence décorative se révèlent de nombreuses délicatesses d'écriture et de subtilités de couleurs. Ce sont donc toutes des pièces de grande qualité que Johannes Pramsohler a accroché à la locomotive Bach, et qui font ensemble un convoi fort bien attelé, propre à emmener le mélomane dans un voyage passionnant en Allemagne, au début du beau XVIIIᵉ siècle.

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