ZAMAN sans toi, un duo avec le vide laissé par l'absence de sa partenaire lointaine est proposé par Yaïr Barelli à l'Espace Cardin – Théâtre de la Ville, dans le cadre du festival Faits d'hiver.
Cela aurait dû être un projet culturel entre deux peuples irréconciliables qui font pourtant partie de la même région, le Moyen-Orient. C'est finalement un projet solitaire qui souffre de l'absence de sa co-conceptrice.
Le spectacle commence par un portrait croisé de deux villes orientales, proches géographiquement, avec leurs bazars, leurs rues, leurs radios, mais éloignées géopolitiquement avec, de part et d'autre les mêmes discours extrémistes. Un double portrait nourri de pop culture que Yaïr Barelli assure désormais seul, depuis que sa partenaire s'est retirée du projet pour des raisons politiques. La place est pourtant toujours prête pour l'absente, un micro sur pied, un jean, un T-shirt rayé et une paire de baskets blanches.
Le duo se transforme ensuite en combat de lutte où Yaïr Barelli se bat contre une adversaire invisible, dans le vide, essayant de faire exister, malgré tout, le contenu d'un spectacle conçu à deux. Dans un slam, leurs deux voix s'entremêlent pour dire leurs différences et les raisons profondes de l'hostilité de leurs deux pays. Au-delà de leurs deux langues maternelles, la langue de travail – et du spectacle – est le français. « Contre toi » répète le chorégraphe comme un mantra, qu'il s'est résolu à renommer « sans toi ». Ce n'est qu'à la fin du spectacle que l'on découvre l'univers chorégraphique naturel de Yair Marilli, physique athlétique, crâne rasé et barbe fournie, la techno saturée des boites de nuit de Tel-Aviv.