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Germaine Tailleferre à l’honneur de l’Orchestre de Chambre de Paris

Intégré à un petit cycle pour remettre à l'honneur le Groupe des Six, le concert de l'Orchestre de Chambre de Paris dirigé par s'agence autour de l'œuvre de , disparue il y a quarante ans.


Né en 1916 pour être abandonné en 1923, le Groupe des Six s'est construit en France autour de six compositeurs, ou plutôt cinq compositeurs et une compositrice, , de son nom de naissance Taillefesse. C'est à cette figure que s'intéresse l'Orchestre de Chambre de Paris, dirigé pour l'occasion par une cheffe, la jeune , découverte en finale du Concours de Manchester en mars 2020.

Entrée sur la scène de la Cité de la Musique devant la formation parisienne, elle laisse d'abord la récitante Dominique Reymond présenter succinctement la vie de l'artiste à l'honneur, entendue à plusieurs reprises pendant la soirée grâce à des extraits d'archives radiographiques, dont celle très fine où Tailleferre répond sans le contredire à l'intervieweur qu' « il n'y a pas de musique féminine ou masculine », mais que « chacun écrit avec sa propre sensibilité ». C'est donc par celle de qu'ouvre le programme musical, par l'intermédiaire de son premier des Trois Rag-caprices, sec et muselé par une cheffe qui montre une certaine rigidité dans la posture.

La soprano entre ensuite pour chanter l'un des Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé de Ravel, et si l'artiste s'est faite annoncer malade en début de représentation, nous prévenant qu'elle ne chanterait pas la dernière pièce, elle se révèle en réalité limitée à l'aigu dans ce Soupir ravélien. Nous apprendrons après le concert que les enregistrements de son nouvel album la veille ont duré jusque très tard dans la nuit. Un rapide changement de plateau, toujours à gauche puisqu'à droite se trouvent quelques éléments de décors dédiés à une petite mise en espace pensée par , permet d'installer la harpe et d'enfin profiter de la musique de Tailleferre. Très agile, la harpiste débute le Concertino sous l'accompagnement des cordes de l'ensemble orchestrale, avant de se démarquer lors d'une très belle cadence.

Dumbarton Oaks de Stravinsky offre de profiter pleinement de la direction de , concentrée à bien organiser la rythmique de la difficile partition plutôt qu'à en développer les accents, avant de revenir avec plus de légèreté à l'Ouverture de l'opéra Le Bel Ambitieux, de 1955. La Rue Chagrin permet à d'utiliser sa voix sans risque avec ce court chant facile, beaucoup moins haut que le Concerto de la Fidélité pour voix élevée présenté en fin de programme, après un Andante cantabile extrait d'une Sinfonietta de Poulenc à entendre le lendemain en intégralité dans la Philharmonie voisine, puis une Arabesque pour piano et clarinette servie par le doigté de et le souffle vivant du clarinettiste .

Souple vocalement, la jeune soprano Emy Gazeilles offre à la fin du concert une prestation vive et haute en couleur du concerto précité, pour lequel elle n'a pas eu à apprendre de texte, puisqu'il ne s'agit que de vocaliser sous un fin accompagnement d'ensemble, ici délivré par une cheffe plus libérée qu'en début de soirée.

Crédits photographiques : © Joachim Bertrand/OCP

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