- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le Ballet du Capitole réunit Thierry Malandain et Carolyn Carlson avec Paysages intérieurs

Dans le cadre du festival ICI&LÀ, organisé par la Place de la Danse à Toulouse, le donnait une reprise de trois pièces signées et . C'est après la troisième et dernière représentation que nous avons appris que le directeur de la danse de la compagnie, , avait été soudainement licencié.

L'initiative de rassembler les deux monuments de la danse que sont et venait pourtant bien du désormais ancien directeur de la danse du , . Il souhaitait en effet avec Paysages intérieurs proposer un triptyque placé sous le signe de la mélancolie et de l'intériorité, composé de Nocturnes de , de Wind Women et de If To Leave Is To Remember de . Ce programme a vu le jour le temps de quelques dates, porté avec brio par les danseurs du ballet toulousain.

Le programme démarre sur un couloir scénique délimité chirurgicalement par une laize de tapis de sol imposant aux interprètes de Nocturnes un espace d'évolution très restreint, traversant le plateau de cour à jardin. Habillés de jupes longues, de pantalons, de chemises et de chemisiers gris-vert, vingt deux femmes et hommes défilent de droite à gauche pour former tour à tour duos, quatuors ou ensembles dans une gestuelle classique très fortement infusée de contemporain. Le chorégraphe déroule un fil fait de rencontres, de jeux de portés, de repoussés et d'attraction entre les corps. Le parti pris spatial, judicieusement mis en valeur par la création lumière de Jean-Claude Asquié, permet l'émergence d'élégants instants de danse jouant avec le placement en ligne, mais l'on regrettera une énergie gestuelle relativement linéaire et une structure assez prévisible avec un enchaînement de tableaux correspondant de façon scolaire à chaque célèbre morceau de Frédéric Chopin.


Carolyn Carlson prend la suite avec d'abord Wind Women, pièce dans laquelle elle se penche sur la force et la poésie du souffle comme véhicule de la vie. Une première femme aux cheveux détachés et en robe longue à fines bretelles entame une séquence dans laquelle mouvements de bras et déplacements du bassin et des appuis sont initiés par une respiration amplifiée de la cage thoracique. Le son des vagues, du vent, de clochettes et de vapes électro, convoque une ambiance quelque peu spectrale, en plus de la figure éthérée de la danseuse plus tard rejointe par un groupe de femmes à l'allure similaire pour une seconde déclinaison de la même séquence chorégraphique. La mise en scène est simple, très frontale et en majorité à l'unisson, cette courte création de 16 minutes a le mérite de ne pas s'embarrasser de trop de fioritures.


If To Leave Is To Remember
de Carolyn Carlson vient conclure le programme et se trouve être l'œuvre la plus ancienne des trois, ayant été créée en 2006. La scénographie, constituée de néons verticaux suspendus et d'une fenêtre rouge de taille démesurée, dessine une composition visuelle prometteuse. Cependant, cette troisième pièce ne vient pas beaucoup trancher avec les précédentes, de par la coupe et les couleurs de ses costumes ou encore avec ses successions de duos danseur-danseuse genrés dans lesquels l'évocation de la séparation et des retrouvailles est incarnée de façon très premier degré, avec des mains qui miment le fait de trancher un corps ou qui viennent en manipuler un autre.

Bien que peu contrastée dans ses propositions, l'association des thématiques au cœur des trois pièces qui composent Paysages intérieurs n'en est pas moins cohérente. Néanmoins, là où certains y verront une reprise méritée de valeurs sûres du répertoire contemporain, ceux ayant fréquenté de nombreuses heures les studios de danse ne seront que peu surpris devant des styles d'écritures chorégraphiques et des univers sonores finalement un peu attendus.

Crédits photographiques : © David Herrero

(Visited 812 times, 1 visits today)