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Over dance à Chaillot, l’Aterballetto sous le signe de l’âge

La fondation italienne Aterballetto de Reggio Emilia, premier et unique centre chorégraphique national en Italie, a commandé à et deux ballets interprétés par des danseurs âgés. Une soirée lumineuse et étonnante, baptisée Over dance, dont la première mondiale a eu lieu à Chaillot – Théâtre national de la danse.

Que reste-t-il des mouvements que l'on a interprété pendant toute une carrière de danseur ou de danseuse professionnelle ? C'est la question que posent et en répondant à cette commande de la Fondazione nationale della Danza Aterballetto, dont les administrateurs et partenaires étaient présents au grand complet sur les gradins de la salle Firmin Gémier de Chaillot – Théâtre national de la danse.

Dans Un jour nouveau, signé , duo nostalgique et lumineux sur les traces du passé, deux danseurs s'interrogent sur leurs souvenirs. L'un est un danseur qui a démarré sa carrière dans le classique, l'a poursuivi à Broadway avant de rejoindre le chorégraphe contemporain Sidi Larbi Cherkaoui. L'autre a été Blue Bell girl au Lido et meneuse de revue au Paradis Latin. Les deux interprètes, le petit mince et la grande blonde, étaient à l'aise au cabaret. Rachid Ouramdane sait s'effacer derrière les deux belles personnalités que sont et pour les laisser tisser une histoire à deux, dans le souvenir des paillettes, du showbiz et des projecteurs. Il choisit avec humilité de se mettre en retrait des corps pour mieux investir leur imaginaire.


La patte du chorégraphe est plus visible dans Birthday Party, écrit par pour huit danseurs de 67 à 80 ans, quatre femmes et quatre hommes. Comme à son habitude, la dramaturgie et la construction de la pièce est minutieusement élaborée et structurée. Tout droit sorties d'une fête d'anniversaire, ces silhouettes en costume de fête et collerette de carnaval semble comme figées. L'une des danseuses, italienne, reste seule pour un époustouflant solo, aussi souple et élégante que si elle avait 50 ans de moins !
À deux, trois, quatre ou davantage, les séquences se succèdent, faisant miroiter différentes facettes de ces interprètes vieillissant ou carrément vieux. Un extrait d'une interview de Simone de Beauvoir est prétexte à un ensemble néo-soviétique, inspiré de A nos héros, l'une des premières pièces du chorégraphe d'origine albanaise. C'est drôle !

Angelin Preljocaj n'hésite pas à parler avec ces corps de la naissance du désir, c'est à dire d'amour, de sensualité ou même de sexualité, dans une séquence de groupe digne de l'un de ses spectacles les plus emblématiques, Liqueurs de chair. Au sol, où le poids des corps n'a plus prise, tout semble possible, ce qui donne naissance à une magnifique séquence inspirée de L'Après-midi d'un Faune de Nijinksy : corps renversés, caresses esquissées… L'amour reprend ses droits dans de bouleversants duos entre deux femmes ou entre deux hommes. Et la boucle s'achève avec les invités à la fête qui reviennent pour un dernier tour de piste, se figeant à nouveau pour l'éternité.

Un seul regret, ne pas avoir entendu , l'interprète la plus jeune du spectacle (67 ans !) ex-chanteuse de Elli et Jacno, chanter « Toi mon toit » ou « A bailar calypso » ses tubes des années 80…

Crédits photographiques : © Christophe Bernard

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