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Fête baroque sans entrain pour le Freiburger BarockConsort

La musique instrumentale du XVIIe siècle est un trésor caché, mais il faut un peu plus d'audace au pour la faire vivre.

Voilà un programme passionnant et rare. Les amateurs de musique ancienne n'ignorent pas l'importance de la petite ville de Kroměříž en Moravie à la fois comme centre musical important, à la cour des évêques d'Olomouc/Olmütz, au cours du XVIIe siècle, et jusqu'à aujourd'hui comme bibliothèque musicale de toute première importance : on y trouve naturellement la musique des compositeurs qui y ont travaillé, à commencer par le maître de chapelle Vejvanovský et Biber, mais aussi beaucoup d'autres compositeurs comme Schmelzer, sans oublier d'importants manuscrits de compositeurs plus récents et un intérêt certain pour la musique italienne. Sans l'afficher vraiment, c'est cet univers que ce concert ambitionne de restituer : dans le cadre de sa série d'abonnement berlinoise, le Freiburger Barockorchester se transforme en Barockconsort, avec une quinzaine de musiciens.

Hélas, si grand que soit l'intérêt du programme, il faut bien reconnaître qu'il ne bénéficie pas du meilleur traitement possible. La faute en incombe d'abord à la salle de musique de chambre de la Philharmonie de Berlin, mal nommée car tout sauf chambriste dans son atmosphère : inaugurée un quart de siècle après la Philharmonie elle-même, elle lui ressemble visuellement, mais elle est très loin de sa réussite acoustique. De notre place initiale, on entend le concert de très loin, avec beaucoup trop de résonance ; après l'entracte, plus près de la scène, les choses s'améliorent un peu, mais cette musique de plénitude ne parvient pas à se faire entendre comme il conviendrait. Et puis, avouons-le, l'orchestre fait preuve ici d'une retenue qui ne bénéficie pas à des œuvres extroverties, voire franchement humoristique – l'ensemble ne commence à se dérider que lorsque le veilleur de nuit de la sérénade éponyme de Biber fait son entrée. Le Capriccio stravagante de , où les cordes font entendre – entre autres – chat et chien, guitare, trompette et fifre, aurait lui aussi bien mérité un peu plus d'audace dans la charge humoristique. L'anonyme Sonata jucunda se retrouve affublée d'une bien inutile percussion pour souligner le dynamisme rythmique, mais elle ne fait que souligner la timidité du reste de l'ensemble.

Crédit photographique © Valentin Behringer

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