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Kathryn Lewek enflamme Lucia di Lammermoor à Nice

Programmée avant l'arrivée du nouveau directeur, la production très classique de pour Lucia di Lammermoor apparaît enfin à l'Opéra de Nice, surtout portée par la puissance et la technique vocales de dans le rôle-titre.


Hasard des calendriers, ce mois de février semble avoir emmené vers la folie les programmateurs d'opéras, puisqu'après Lucia de Lammermoor dans sa rare version française à Tours, l'Opéra de Nice et l'Opéra de Paris programment au même moment sa célèbre version italienne. Préparée avant la crise du Covid-19, cette production n'est pas un projet du nouveau directeur niçois, mais permet à Bertrand Rossi de maintenir un pan classique à son répertoire, alors qu'il s'apprête à développer les prochaines saisons azuréennes, tant par la modernité des mises en scène que par les titres choisis.

Au moins bénéficie-t-il toujours d'une salle remplie, le dimanche après-midi comme les trois soirs pendant lesquels le chef-d'œuvre de Donizetti est repris. Coproduit avec le Teatro Verdi de Pise, le spectacle ultra-classique de ne promet rien d'autre qu'une mise en image du livret de Cammarano, seulement soucieuse de maintenir une dramaturgie évidente, dans les décors simplistes d'après Allen Moyer et les costumes traditionnels de l'Atelier Farani. Alors peut-on se concentrer sur la musique, à commencer par celle de l', dynamisé par le chef ukrainien à partir d'un matériau traité comme celui d'un opéra romantique, plutôt que comme celui d'un opéra bel cantiste. Il en ressort toute la clarté des bois, dont la superbe flûte solo pour accompagner la scène de la folie.

Encore plus fervent, le Chœur de l'Opéra de Nice Côte d'Azur, préparé par Alessandro Zuppardo, réussit toutes ses parties ; mais tellement sonore qu'il couvre parfois certains artistes, et notamment le jeune Normanno, dont le beau timbre de se dévoile lorsqu'il est au-devant de la scène, mais reste assez peu audible à sa première intervention en fond de plateau. Des seconds rôles, l'Alisa très en voix de se détache et parvient à donner une belle place à la compagne de Lucia. L'Arturo souple de s'associe bien au Raimondo de la basse tutélaire , encore froid au début de l'opéra, mais chaud et touchant en fin d'acte II, prouvant par les applaudissements reçus aux saluts qu'il plait toujours autant au public.


Programmé au dernier moment pour remplacer Mario Cassi, campe un Lord Enrico Ashton précis à la voix bien placée, intéressant dans la caractérisation de son personnage d'homme qui veut décider pour sa sœur, tandis que l'italien lyrique et parfaitement compréhensible d' offre de très beaux moments à l'amant Edgardo, notamment au dernier air. Mais si l'on cherche une raison particulière d'entendre cette Lucia, celle-ci se trouve avant tout avec la chanteuse du rôle-titre, . D'une couleur de timbre plutôt courante, l'Américaine attire par une technique vocale quasi-infaillible (une note de passage acide à déplorer dans Quando rapito in estasi, avant un exceptionnel contre-sol !), d'une puissance et d'une longueur de souffle à faire tenir plus de dix secondes le dernier aigu du sextuor ! Très nette dans les vocalises et d'une impressionnante capacité à filer les notes, la soprano rappelle parfois Sutherland par son style de dramatique colorature, et procure un véritable cours de bel canto jusqu'à la scène de la folie !

Crédits photographiques : © Opéra de Nice Côté d'Azur

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