- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Julie Fuchs et Amadé dans leur intimité

Premier disque de chez Sony Classical avec un récital entièrement dédié à Mozart intitulé « Amadé ».

L'explication est dans le livret. Il paraît qu'Amadé était la signature du compositeur, réservée aux lettres envoyées à sa famille. S'ensuit un petit texte de présentation comme quoi le divin « Amadé » serait aussi celui de l'intimité de la cantatrice, le tout illustré de photos glamour de la chanteuse, dans de fort jolies toilettes. On aurait référé un packaging un peu moins racoleur. De la même façon, la notice en français, en lettres blanches sur fond rose, est sûrement très mode, mais difficilement lisible. Néanmoins qu'importe l'emballage, puisque l'enregistrement nous réserve tant de belles surprises !

C'est à la suite de Noces de Figaro aixoises en 2021 que l'idée de ce récital a germé dans l'esprit de et du chef . Il est donc tout naturel d'y trouver tous les personnages féminins de cet opéra, de l'humble cavatine de Barbarina au « Dove sono » de la comtesse Almaviva, en passant par le « Deh vieni non tardar » de Susanna. Il est à noter que l'air de la comtesse a été réécrit par Mozart lui-même à l'occasion d'une reprise, pour le tailler aux dimensions de Caterina Cavalieri. Il comporte ainsi plus de vocalises et de traits de virtuosité que l'original, dont s'empare avec gourmandise et une sûreté sans faille.

C'est d'ailleurs dans ces passages véloces que la soprano emporte le plus l'adhésion. Il en est ainsi de l'air de Zaide, « Tiger, weze nur di Klauen », selon nous le plat de résistance de ce CD, extrait d'un singspiel inachevé, véritablement exaltant. Et n'oublions pas le « Marten alle Arten » de Konstanze, rôle créé par la Cavalieri.

L'émotion pure n'est pas négligée non plus, avec l'air de Pamina « Ach ich fühl's, es ist verschwunden » (créé par Anna Gottlieb, la première Barbarina – les deux airs ne sont d'ailleurs pas si loin dans l'esprit) et « Das Lied der Trennung », dans lesquels la soprano semble un peu moins à l'aise, même si le fruité de son timbre et sa technique irréprochable font encore merveille.

Car Julie Fuchs et ne font pas que s'intéresser à l'opéra. On trouve au hasard des plages, outre le lied précité, des œuvres plus ou moins rares : une aria extraite de la cantate Per la ricuperata salute di Ofelia, une autre de l'oratorio Davide Penitente, et le récitatif et air, très connu celui-ci « Ch'io mi scordi di te ? Non temer, amato bene », chant d'amour à l'attention de Nancy Storace.

À la tête de son Balthasar Neumann Orchestra, est aux petits soins, et propose une palette de couleurs et une vivacité plus que bienvenues. Il offre en outre quelques délicieux intermèdes orchestraux : un extrait du ballet-pantomime Les petits riens, la contredanse des filles malicieuses, un étonnant canon à quatre voix, dans un arrangement de Pedro Beriso, et un morceau tiré de la musique de scène Thamos, König in Ägypten.

(Visited 735 times, 1 visits today)