Dans le cadre de la biennale de danse du Val-de-Marne, l'Atelier de Paris propose Les porte-voix, cabaret ventriloque de Yasmine Hugonnet. Un quatuor de danseurs ventriloques y ressuscite l'Oracle de Delphes dans une scénographie sculpturale de Nadia Lauro.
Décidément, la ventriloquie séduit les chorégraphes. Avec Joachim Maudet dans WELCOME, c'est la chorégraphe suisse Yasmine Hugonnet qui explore cette voix du ventre dans Les porte-voix, un quatuor poétique et vocal aux accents antiques, inspiré des requêtes déposées au pied de l'Oracle de Delphes et de différents textes sur les femmes ventriloques à travers les siècles. Cette technique vocale étrange permet à la chorégraphe d'expérimenter de nombreuses situations théâtrales et chorégraphiques. Une voix, un souffle qui rebondit et s'échangent d'un danseur à l'autre, tandis que les éléments du décor s'écartent progressivement pour former un paysage archaïque.
De l'Antiquité, on recule vers l'âge préhistorique, aux grottes et aux cavernes, prétextes à de nouvelles explorations temporelles et spatiales. Des borborygmes aux ronflements, la forme vocale expérimente autre chose que la parole qui, elle-même, rencontre des accents et des dictions différentes, et superpose les registres de langage, de celui d'un enfant à celui d'une conférencière.
La danse se faufile dans les interstices de ses représentations, avec un corps et un visage des danseurs plus figé du fait du ventriloquisme. La chorégraphe a en effet imaginé un système de doublage entre la personne qui ventriloque et celle qui ouvre la bouche, comme si elle chantait en play-back. Ce dispositif astucieux permet de ne pas voir le ou la ventriloque, mais de l'entendre avec le visage d'un autre.